Un faucheur à la rue

Patrick Piro  • 10 avril 2008 abonné·es

Les parlementaires sont loin d’en avoir fini avec le projet de loi sur la culture des OGM. Les députés d’opposition, soutenus par une fraction de la majorité UMP, sont en effet parvenus à corriger largement le texte adopté par le Sénat avant les municipales. Le vote final ne devrait pas avoir lieu avant mai en seconde lecture.

La gauche, sans succès, a tenté d’obtenir l’amnistie pour les «faucheurs volontaires», alors que le texte prévoit des peines durcies pour ceux que le député UMP Christian Jacob qualifie de «voyous» .

La veille du débat, le 2avril, un huissier remettait à Gilles Lemaire un «commandement de payer valant saisie immobilière» à exécuter sous huit jours, sous peine de mise en vente aux enchères de son domicile! L’ancien secrétaire national des Verts, acteur avec 500faucheurs de l’arrachage de maïs OGM de Biogemma en 2004 dans le Puy-de-Dôme, a été condamné avec 4 faucheurs à quatre mois de prison avec sursis, et à régler solidairement 220000euros d’amende. Une première saisie chez Gilles Lemaire avait échoué il y a deux ans, faute de biens de valeur. Mais Biogemma veut la peau du plus emblématique des condamnés. Il y a un an, un premier «commandement de payer» est cassé pour vice de forme. En septembre dernier, Biogemma revient à la charge. L’avocat propose une transaction. Puis silence: le Grenelle est en cours… La coïncidence de la reprise du harcèlement avec le débat à l’Assemblée nationale serait-il un hasard? L’après-midi même, le sénateur (UMP) Jean-François Legrand dénonçait, dans un entretien au Monde , ceux qui «ont fait main basse sur l’UMP afin de défendre des intérêts mercantiles» . Le cynisme de Biogemma ne fait rien pour démentir ces accusations.

Écologie
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