Crimes de sang

Une enquête implacable sur la mafia calabraise, menée durant sept ans.

Jean-Claude Renard  • 22 mai 2008 abonné·es

Si la mafia est associée à la Sicile, elle est aussi présente en Italie méridionale, fonctionnant sur le même modèle de groupe soudé par ses rapports de parenté et de réseaux amicaux, pratiquant la corruption, des opérations financières occultes, s’impliquant dans les trafics (drogue et prostitution), recourant si besoin au meurtre.
Dans le Mezzogiorno, à la Camorra napolitaine s’ajoute la Ndrangheta calabraise, considérée comme un État dans l’État. Dotée d’une étymologie grecque. C’est-à-dire courage, valeur, force et valeur. En réalité, lâcheté et couardise. Avec un idéal : l’argent.
À l’origine, cette mafia s’intéresse à l’exploitation des terres (dans une région rurale), avant de s’enrichir sur le dos de l’agroalimentaire, de passer aux crimes crapuleux. Aujourd’hui, elle pratique l’extorsion de fonds, infiltre le monde politique et économique. Une seule loi : payer ou sauter.
Sept ans durant, le réalisateur Corradino Durruti a suivi, souvent en caméra cachée, une enquête menée dans une bourgade de Calabre sur le boss du cru, jusqu’à sa condamnation finale. De quoi décortiquer un fonctionnement (fondé sur les liens du sang), d’observer les interactions entre les pouvoirs. Une enquête remarquable, sobre, qui, en même temps qu’elle révèle les pratiques, souligne la défaite de l’État italien.

Médias
Temps de lecture : 1 minute