Un parti en gestation

La première assemblée constituante régionale du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) s’est tenue samedi à Marseille avec Olivier Besancenot. Reportage.

Jean-Baptiste Quiot  • 12 juin 2008 abonné·es

La LCR a voulu marquer le coup. Ses « 10 heures pour un nouveau parti anticapitaliste » mêlaient dans un rassemblement mi-politique mi festif, aux Docks des Suds de Marseille, plusieurs forums de discussion, des espaces de rencontre, des concerts et un meeting d’Olivier Besancenot, attirant quelques centaines de participants.
« Que de chemin parcouru depuis que nous avons lancé l’appel pour le NPA dans les Bouches-du-Rhône, s’enthousiasme Rosy Casabona, en ouverture du meeting. Est-ce le bon moment ? Le nouveau parti ne sera-t-il qu’une LCR élargie ? Ces doutes ont été levés quand des centaines de personnes nous ont rejoints. Le NPA n’est pas le parti d’Olivier Besancenot mais de ceux qui s’y investissent ! » Pour autant, « le NPA ne doit pas se contenter de ce qu’il a, tempère à la tribune Abdel Zahiri, un Avignonnais de 27 ans, militant des quartiers. *Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas encore confiance en nous. Il va falloir montrer des preuves ».
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Illustration - Un parti en gestation


À Marseille, lors des « 10 heures pour un nouveau parti anticapitaliste ». Gangne/AFP

C’est à cette fin que plusieurs forums de discussion avaient été organisés. À 15 heures, deux d’entre eux se tenaient en parallèle. Dans un espace reculé, une vingtaine de personnes participent à celui sur l’écologie, l’une des priorités affichées du futur NPA, qui veut renouveler les thèmes de la LCR. « Il n’y aura pas de justice sociale sans résoudre les problèmes écologiques, et inversement » , prévient Jean-Louis Marchetti à la tribune. « L’écologie doit traverser tout le NPA, renchérit Bruno Malvezin, un militant alternatif qui a quitté les Verts en 2005. Il ne faut surtout pas construire un courant écologique à l’intérieur du nouveau parti. » Alors qu’au même moment le forum sur l’anticapitalisme attire, dans la grande salle, plus d’une centaine de participants, Manu, un ex-militant communiste et « ancien productiviste », risque une question : « Proposer le Smic à 1 500 euros, n’est-ce pas encore vouloir toujours plus, et rester dans le même système capitaliste anti-écologique ? »

Il est 17 heures quand Olivier Besancenot arrive aux Docks. « On ne veut pas construire un parti comme les autres, confie-t-il aux journalistes. On veut un parti militant. Il doit rassembler les militants des différentes traditions, les associatifs et les syndicalistes. C’est pourquoi nous allons dissoudre la LCR. Il ne s’agit pas de faire un parti dans le parti. Le pouvoir doit être donné au plus grand nombre, pas à une minorité qui décide pour la majorité. »
Justement, le forum qui débute dans la grande salle est consacré au fonctionnement du futur NPA, sous forme interrogative : « Un parti, quel parti ? » Il s’agit de répondre « aux craintes légitimes » , explique, décontractée, Camille Roux-Moumane, à la tribune. Ainsi, sur le « degré de centralisation » du nouveau parti, cette jeune ex-candidate de la Ligue – elle n’a que 26 ans – regrette que « tout le monde ne soit pas toujours d’accord sur tout. Quand la révolution aura lieu, cela se passera peut-être autrement. Mais, en attendant, le NPA doit être pluriel. Les courants d’idées doivent avoir leur place. L’ensemble des positions doit se retrouver autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti. Ainsi qu’à la direction du NPA ».

Le positionnement politique du NPA est moins discuté : « La marque de fabrique du NPA, c’est de rassembler ceux qui ne veulent pas d’une alliance avec le PS », explique, dans la salle, Samuel Johsua, figure locale de la LCR. Cependant, « l’idée d’une Ligue simplement élargie est exclue, poursuit-il. Le NPA sera démocratique : ceux qui veulent convaincre d’une alliance avec le PS pourront devenir majoritaires » . Avant de conclure, goguenard : « Mais ils ne viendront pas. Car ils savent bien qu’à la gauche de la gauche les idées avancées par le NPA sont majoritaires. La clarté et la démocratie, le NPA, ce n’est jamais que ça ! » Le slogan est trouvé. Quant à « l’appel à l’unité lancé par Politis et les appels du même genre des collectifs, ils manquent tous de perspective unitaire et restent imprécis sur la stratégie, explique à la tribune l’ex-bovéiste Thierry Herman. Mais l’accord avec les collectifs est possible à condition que celui-ci soit clairement anticapitaliste ».

Au cours du meeting, Olivier Besancenot précisera les relations du NPA avec les autres mouvements de gauche. S’il refuse de « dire que le NPA sera le seul parti légitime » , ce qui « serait sectaire » , il n’envisage pas de « fédérer par le haut », rejetant une méthode qui a prouvé depuis trente ans qu’elle « ne marche pas ». Mais ne ferme pas la porte aux militants socialistes qui, « sans être convaincus de l’entièreté du programme des révolutionnaires » , souhaiteraient « faire un petit bout de chemin avec eux pour construire cette nouvelle force anticapitaliste » . Pour l’heure, la première étape vers le NPA, rappelle Rosy Casabona, reste « la réunion nationale de l’ensemble des comités, les 28 et 29 juin, qui verra la mise en place d’un comité provisoire d’animation, et décidera du nom, du fonctionnement et des porte-parole du NPA » . De son propre aveu, Olivier Besancenot ne sera « que l’un des porte-parole de ce nouveau mouvement » qui naîtra *« d’ici à la fin de l’année ».
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Politique
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