G8 obsolète

Patrick Piro  • 3 juillet 2008 abonné·es

Il est de bon ton, depuis longtemps, de railler l’illégitimité du G8. On s’interroge désormais tout bêtement sur son utilité. À Toyako (île d’Hokkaido, au Japon), du 7 au 9 juillet, son 34e sommet annuel pourrait voir culminer l’impuissance du club des huit pays les plus… « Les plus » quoi, au fait ? À la création du G6, en 1975, il s’agissait vaguement des premières puissances économiques mondiales. Aujourd’hui, États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada et Russie produisent certes plus de 60 % des « richesses » du monde, mais à cette jauge-là, manquent non seulement la Chine, mais aussi l’Inde ou le Brésil.

Passons, et examinons les prétentions de cette vraie fausse élite du produit intérieur brut. De quoi va-t-on débattre, au Japon ? De crises, aveuglantes. Pétrolière, climatique, alimentaire. Sur aucune d’elles le G8 n’a aujourd’hui la barre. Le pétrole ? Les rois de l’or noir ne sont pas autour de la table, les pays où la consommation explose non plus, et les spéculateurs, dans un monde ultralibéral, n’ont pas de comptes à rendre au G8. Le climat, « priorité » des hôtes japonais ? Depuis longtemps, le club ne parvient plus qu’à soutirer des miettes des États-Unis. Bush, qui les a mis hors du jeu des négociations internationales en quittant le protocole de Kyoto en 2001, fait diversion avec des sommets « climat » parallèles – Partenariat Asie-Pacifique, réunions des pays gros émetteurs de CO2 (Major Economies Meetings). « Nous n’attendons rien de Toyako sur le climat », préviennent donc les négociateurs du G8 : venant d’orfèvres de la déclaration pimpante et vide, une telle lucidité confine au désespoir.
Ah si, le G8 pourrait se rendre utile sur la crise alimentaire. En effet, le Japon est assis sur 2,3 millions de tonnes de riz, en grande partie importé par obligation d’ouverture de son marché, mais immédiatement acheté et stocké par l’État pour protéger ses producteurs de la concurrence étrangère. Reste à lever les restrictions à la réexportation de ces énormes excédents pour soulager les pays déficitaires. Bonne nouvelle, un « groupe de travail » est prévu, à Toyako !

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