Comme frère et sœur

La rencontre insolite entre un vieux théologien danois et une nonne russe orthodoxe.

Jean-Claude Renard  • 2 octobre 2008 abonné·es

Monsieur Vig possède une trogne pas ordinaire. Longs cheveux blancs, chapka sur la tête, barbe étirée et long pardessus noir. Des allures de patriarche ou d’apôtre, qui se dit « intolérant et borné » . Il restaure inlassablement son domaine, le château d’Hesbjerg, majestueux et croulant d’épuisement. Ici les combles, là les évacuations, là encore les parquets pourrissants. Voilà pour le décor. Avec un rêve, celui de construire quelque chose de durable, transformer son château en monastère.
Rêve exaucé avec l’arrivée de religieuses russes. Les cendriers laissent place aux crucifix, les draps blancs succèdent aux rêches couvertures. Du vieil homme aux nonnes, emmenées par une femme autoritaire, ce sont deux univers, un tantinet mystiques, qui virent d’abord à la confrontation. Pour le froid, les fuites d’eau, les courants d’air ou le toit en déconfiture.
D’une saison à l’autre, Pernille Rose Gronkjaer filme deux personnalités, deux solitudes. En même temps, fixant horloge et carillon, icônes et poussée de sèves, de bruissements en silences, chaque plan ayant valeur de nature morte au sein d’un conte, elle propose un témoignage sur la foi et sur le temps, sur le renoncement aux biens, la réclusion et l’idée, tout humaine, d’éternité.

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