Les précaires en danger

Xavier Frison  • 2 octobre 2008 abonné·es

Se soigner coûte de plus en plus cher. Partie de ce constat, l’équipe de Convergence, le magazine édité par le Secours populaire, a longuement enquêté dans son dernier numéro sur la santé des plus précaires. « Les pauvres trinquent », résume le mensuel, qui dénonce « une santé à deux vitesses ». L’accès aux soins « devient une question d’argent pour les petits revenus ».

Olga, 60 ans, une habitante de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, a besoin « de lunettes avec des verres spéciaux : elles coûtent 300 euros, et je n’ai pas de mutuelle. Rien ne m’est remboursé. C’est mon fils qui va m’aider car je ne peux pas payer cette somme ». Du côté des étudiants, la situation n’est guère plus reluisante : selon un sondage de l’Union nationale des sociétés étudiantes mutualistes régionales, repris par Convergence, « 15,1 % des étudiants qui estiment être en mauvaise santé n’ont pas consulté de professionnel de santé au cours des six derniers mois ». Souvent trop cher, y compris pour les étudiants aidés par des bourses, aux?montants insuffisants.

Dans les campagnes, « hôpitaux et maternités ferment » et, pour se soigner, « les précaires peuvent toujours courir ». Cyril, habitant d’un village de Haute-Vienne, va chez le médecin quand son vieux scooter démarre. « Sinon, je ne me soigne pas. » Pour une visite chez le généraliste, ce RMiste doit faire vingt kilomètres de routes difficiles. Pour des examens, il faut aller jusqu’à Limoges, soit une heure de route, et autant de carburant à mettre dans son deux-roues. « On se soigne moins bien qu’en ville dans certaines zones rurales. S’occuper de ses dents ou de ses yeux est considéré comme un luxe. Surtout pour les générations les plus anciennes, affirme Yvonne, bénévole au Secours populaire de Haute-Vienne. Une partie importante des personnes renoncent à leurs droits. Elles ont conscience que ces droits sont en train de diminuer. »

Convergence, octobre 2008, n° 285, 5 euros.
Secours populaire : www.secourspopulaire.fr

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