Lettres et le néant

Pour « purifier » le pays, le Troisième Reich commence par les livres. Un documentaire sur les autodafés nazis.

Jean-Claude Renard  • 23 octobre 2008 abonné·es

C’est l’une des promesses d’Hitler quand il accède au pouvoir : purifier le pays. Et commencer par les bibliothèques qui véhiculent un peu trop ­d’idées subversives. Dès avril 1933, une association estudiantine suit la leçon et brûle les publications juives en place publique dans toutes les cités universitaires allemandes. Le mois précédent, un enseignant avait déjà brûlé sept exemplaires du roman « défaitiste » d’Erich Maria Remarque, À l’ouest rien de nouveau. Après quoi, les bûchers s’emballent pour en finir une bonne fois pour toutes avec la culture.
En mai 1933, outre Berlin, près d’une vingtaine de villes universitaires ­jettent aux flammes non seulement les écrits juifs mais encore des pans entiers de la littérature allemande et étrangère, tout ce qui relève, selon la propagande nazie, de « l’esprit anti-allemand » . Le printemps pluvieux reporte les bûchers en place publique. La moindre éclaircie est fatale aux livres.
Après l’Anschluss, l’Autriche se met au pas. Le papier brûle aussi bien à Salzbourg. Mais Berlin se veut la capitale de l’autodafé, sous la houlette de Goebbels, ministre du Reich pour ­l’Éducation populaire. En une soirée, retransmise à la radio, 20 000 livres sont bazardés au feu « pour la communauté du peuple et les idéaux de vie » . À coups d’archives, Henry Kölher revient sur ces événements, partie intégrante de la propagande nazie.

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