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Politis  • 30 octobre 2008 abonné·es

Idées reçues

« Les États-Unis dominent le monde » ; « Les universités américaines sont les meilleures » ; « Les services publics sont inexistants aux États-Unis » … Ce sont quelques-unes des « 50 idées reçues » démenties ou nuancées par Pascal Boniface et Charlotte Lepri, dans un petit ouvrage très documenté et bien utile à la veille de l’élection américaine. Plus souvent d’ailleurs nuancées que démenties car il ne s’agit surtout pas des « États-Unis expliqués aux nuls ». Les auteurs, respectivement directeur de l’Iris et chercheuse en charge des États-Unis pour cet institut, échappent à la pensée binaire que ce sujet passionnel suscite trop souvent. Exemples : les États-Unis sont bien la première puissance stratégique, économique, technologique et surtout militaire. Pour autant, ils ne parviennent pas à imposer leur volonté au reste du monde. Quant à leurs universités, elles sont peut-être les meilleures, mais s’adressent à une élite restreinte. Le ton est donné d’un ouvrage d’abord facile mais sans concession.

Denis Sieffert

50 idées reçues sur les États-Unis, Pascal Boniface et Charlotte Lepri, Hachette, 232 p, 13 euros.

Biographie

Qui est Barack Obama ? Au-delà du ramdam médiatique créé par la candidature du sénateur de l’Illinois, Martin Even s’intéresse de près à son parcours et à celui de sa famille. De ses origines kenyanes à ses années d’enfance en Indonésie puis à Hawaï, en passant par l’université Occidental en Californie et celle de Columbia à New York, l’auteur dépeint le destin d’un homme d’exception, avec une admiration à peine voilée. Ses études terminées, après un an au cœur de la finance, à Manhattan, « derrière les lignes ennemies » , Barack Obama change de cap. Pour un salaire modeste, il rejoint les quartiers sud de Chicago en qualité de travailleur social, à 24 ans. L’histoire peut commencer.

Xavier Frison

« Obama, le nouveau rêve américain », Martin Even, Fayard, 261 p., 17,90 euros.

Game over

Il « shoote » du ciel, inlassablement. Mais Alex MacLean n’est pas le Yann Arthus-Bertrand étasunien. Si ce dernier traque l’enchantement où il subsiste, MacLean se coltine la réalité crue de son pays. Des lotissements rectilignes poussent en plein désert, clonant à perte de vue de grosses bâtisses tristes, les autoroutes surchauffées se nouent la tripe, les bagnoles s’alignent à l’infini. C’est fascinant comme du Vasarely. Ils filent les jetons, ces États-Unis vus d’avion, d’autant plus que MacLean est franc du collier : pas de points de vue esthétisants ni de sensiblerie. Over est une œuvre exceptionnelle où tout est dit avec une honnêteté clinique. MacLean, urbaniste de formation, décrypte son monde d’une écriture rigoureuse et construit son propos. Over : pour au-delà, trop, fin de partie… C’est l’étalement d’une indécence écologique, ce « mode de vie non négociable » de Bush père. Où le modèle ultime, c’est le manoir pour couple, pondu à la centaine derrière un mur, à des dizaines de kilomètres de tout, accessible de préférence en 4×4 par des rubans de goudrons que l’on voit engloutir le pétrole, le vrai dieu d’une société qui vacille.

Patrick Piro

Over, Alex MacLean, Dominique Carré éditeur et La Découverte, 360 p., 59 euros.

Changer de politique

Le livre de Paul Krugman, récent prix Nobel d’économie, mène un combat pour des idées progressistes et libérales, donc de gauche, qui vont de pair avec une foi inébranlable en un parti démocrate qui ne ferait aucun compromis bipartisan. L’économiste et éditorialiste au New York Times estime que les mois à venir seront ceux de la clarification politique. L’engagement du propos est justifié après 40 ans d’ambiguïtés et de crise démocratique. Le temps n’est plus au consensus ni à ces « alliances par intérêt » qui ont prévalu dans les années 1970 et pendant les années Clinton. Et l’ascension d’un « conservatisme de mouvement » au sein du parti républicain s’est accompagnée de l’explosion des inégalités. L’économiste prône des changements majeurs de politique, notamment en défendant l’extension du système de sécurité sociale, pour « limiter les inégalités et défendre les principes démocratiques ».

Thierry Brun

L’Amérique que nous voulons, Paul Krugman, Flammarion, 353 p., 22 euros.

Monde
Temps de lecture : 4 minutes

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