Droit au travail pour les Roms

Ingrid Merckx  • 18 décembre 2008 abonné·es

En France, sans travail, on n’a droit à rien. C’est le contrat de travail qui conditionne le droit à un titre de séjour, à un logement, à l’assurance-maladie… Mais le droit de bosser n’est pas donné à tout le monde : les procédures menant au permis de travail sont interminables pour les demandeurs étrangers et coûteuses pour les employeurs, qui doivent verser une redevance minimum de 893 euros à l’Agence nationale de l’accueil des étrangers et des migrations (Anaem). Un véritable frein. En outre, pour bénéficier d’un titre de séjour, il faut faire valoir un certain niveau de ressources, ce qui exclut de fait les emplois à temps partiel. En bref, rien n’incite à l’embauche d’étrangers. Même quand ils proviennent d’un des nouveaux entrants dans l’Union. En effet, contrairement à d’autres pays membres, la France a décidé de prolonger jusqu’en 2011 la période transitoire restreignant l’accès au travail des ressortissants roumains et bulgares. Conséquence : « Sur les quelque 3 000 Roms vivant en Île-de-France [une estimation, NDLR], seule une poignée travaille légalement » , explique Chloé Faouzi, coordinatrice du collectif Romeurop. Et ce, par le biais de la fameuse liste de 150 « métiers sous tension » ouverts aux ressortissants des pays tiers. Soit des postes peu qualifiés représentant 40 % des offres ANPE et couvrant presque tous les secteurs, d’après le collectif. La plupart des Roms sont donc contraints à la précarité ou à l’illégalité. C’est pourquoi une partie d’entre eux a pris l’initiative d’un rassemblement le 10 décembre, à Paris, pour réclamer le droit de travailler.

Ils étaient plus de 300 Roms, arrivés notamment des bidonvilles de Seine-Saint-Denis et du Val-d’Oise, dans 7 bus affrétés par Romeurop, et environ 150 militants associatifs à se retrouver à l’intersection du ministère du Travail et de la Délégation européenne place Édouard-Herriot dans le VIIe arrondissement.
Si le ministère n’a pas daigné les recevoir, les manifestants ont reçu meilleur accueil de la part des instances communautaires, qui leur ont témoigné « plus que de la courtoisie : de l’intérêt » , se félicite Chloé Faouzi. Il faudra néanmoins un vrai poids politique pour lever le fameux « régime transitoire ». Principal argument avancé par les pouvoirs publics : le chômage. Mais, d’une part, rien ne prouve que les travailleurs roumains et bulgares déséquilibreraient le marché du travail. Et, d’autre part, comment expliquer ce barrage contre certains citoyens européens en particulier ?

Société
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