Reconstruire sans détruire

Avec le gouvernement géorgien, des organisations aident les réfugiés tout en limitant les méfaits environnementaux du conflit.

Claude-Marie Vadrot  • 12 février 2009 abonné·es

En une quinzaine d’années, la Géorgie a dû accueillir près de 300 000 réfugiés, soit 9 % de sa population, sur un territoire réduit de 12 500 kilomètres carrés après la déclaration d’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, qui ne sont reconnues que par la Russie et le Nicaragua. La question des 260 000 réfugiés de la guerre en Abkhazie, en 1992 et 1993, n’est pas encore réglée de façon satisfaisante pour ces Géorgiens qui ne retourneront probablement pas plus chez eux que les 35 000 expulsés d’Ossétie du Sud. Le pays, affaibli par la guerre, une grave crise économique et une brutale gestion néolibérale – que ne peuvent rééquilibrer la multiplication des jardins familiaux ou la vente de cigarettes et de cassettes dans les rues –, ressent durement le poids des nouveaux arrivants sans travail ni argent, et la reconstruction des maisons paysannes détruites.

Le gouvernement géorgien, le Haut Comité pour les réfugiés (HCR) et une ONG française, Première Urgence, s’efforcent pour une fois de trouver des solutions plus écologiques et surtout économiquement plus satisfaisantes pour aider des réfugiés. L’Europe et les Nations unies ont fourni un effort financier exceptionnel. Les nouveaux réfugiés – ce qui provoque des frustrations chez les précédents – ont bénéficié depuis le début de l’hiver de maisons préfabriquées dotées d’un confort minimum. Innovation intéressante : dès le printemps, toutes les familles, selon un plan établi par le HCR et Première Urgence, vont bénéficier d’un jardin de plusieurs centaines de mètres carrés, 5 000 pour ceux qui voudront en tirer un petit revenu, pour lesquels ils recevront des outils et des semences. Ce qui leur permettra de produire un minimum de nourriture dès l’été prochain, et de se sentir moins assistés. Un programme a déjà été expérimenté en Abkhazie pour les Géorgiens restés dans la province mais privés d’accès au travail, quasiment inexistant.

Pour les gens qui ont regagné leurs villages et leurs maisons détruites, et qui n’ont rien pu récolter en raison de leur exode, Première Urgence a imaginé un programme qui consiste, outre les livraisons en nourriture du HCR pour passer l’hiver, de livrer régulièrement du bois de chauffage acheté à des entreprises dûment certifiées pour le caractère durable de leurs exploitations. Ces livraisons régulières permettent d’éviter des dégâts écologiques irréparables, notamment l’érosion, en écartant la menace qui guette les zones touchées par un conflit : que les arbres des vergers et des rares bosquets de la région soient coupés n’importe comment.

Pour les mêmes raisons, les ONG et le HCR, avec la participation du gouvernement géorgien, livrent du bois d’œuvre, qui permet de réparer les maisons ayant été soufflées par des explosions ou incendiées.
Deux exemples qui, s’ils étaient imités dans les zones touchées par des guerres, pourraient y limiter les méfaits écologiques à long terme.

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