Ambiance de fronde dans les rangs de l’UMP

Les annonces intempestives du chef de l’État irritent
de plus en plus des élus lassés de ne pas y avoir été associés
et inquiets pour leur avenir.

Michel Soudais  • 5 mars 2009 abonné·es

La droite a le blues. Certes, elle soutient encore son champion, mais le doute s’est installé. Aussi, quand le Figaro assure, en s’appuyant sur un sondage Opinion Way (25-26 février), que le Président « garde une base électorale solide à droite » , mais s’interroge sur l’utilité de l’ouverture « quand seulement 7 % des électeurs socialistes déclarent avoir une bonne opinion de Nicolas Sarkozy » , c’est, pour le quotidien UMPiste, une manière de critiquer la politique de ce dernier en l’interpellant sur un chapitre dont le dernier épisode – la « promotion du vibrionnant Jack Lang au rang d’émissaire spécial à Cuba »  – passe mal dans l’électorat conservateur traditionnel.
Si ce différend reste mineur, d’autres agitent profondément la droite. Dans les rangs de l’UMP, on a vu ces dernières semaines le président du conseil général de la Manche juger « scandaleux » la mutation d’ « un très bon préfet » à la suite d’une visite du chef de l’État, le député local Philippe Gosselin estimant quant à lui cette sanction « injuste » . La semaine dernière, Rue89 révélait que 76 députés UMP avaient déjà signé une « proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur la réforme de l’instruction des affaires pénales » , initiée par le député de Libourne (Gironde) Jean-Paul Garraud, hostile à la suppression du juge d’instruction et à la réforme de la procédure pénale, telles qu’annoncées par Nicolas Sarkozy le 7 janvier.

Si Jean-François Copé s’est contenté diplomatiquement de regretter que les députés n’aient pas été « associés au préalable » aux annonces fiscales du chef de l’État, des élus s’en sont plaints plus rudement. La suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu ? Une « très mauvaise idée », tranche Hervé Mariton. Relayant l’irritation d’un certain nombre de ses collègues, ce villepiniste a lancé : « L’impôt, c’est au Parlement que ça se décide ! Ce n’est pas aux partenaires sociaux de trancher sur ces questions. »

La suppression de la taxe professionnelle, quant à elle, inquiète tout particulièrement les élus en créant « une incertitude sur les ressources des collectivités locales » , selon l’ancienne porte-parole de l’UMP Chantal Brunel. Une inquiétude que les redécoupages prônés par le Comité Balladur transforment déjà en fronde.

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