Patron bien protégé

Malgré l’accident provoqué par sa voiture,
le PDG de Numericable n’est plus inquiété par la justice.

Xavier Frison  • 19 mars 2009 abonné·es

Qui protège Pierre Danon, le patron de Numericable ? Le 16 février, au siège de la société à Champs-sur-Marne (77), le gréviste Patrick Bérol était grièvement blessé à la jambe par le chauffeur du véhicule transportant Pierre Danon (voir Politis n° 1041). Or, la plainte pour agression volontaire, délit de fuite et non-assistance à personne en danger déposée contre le PDG et son chauffeur par Patrick Bérol vient d’être classée sans suite. Une « réticence surprenante de la part des autorités […] à faire œuvre de justice à l’encontre d’un des principaux patrons français », s’étranglent les Désobéissants.
Le collectif, présent au moment de la catastrophe, rappelle les éléments suivants : « La police, intervenue sur les lieux du drame assez rapidement, n’a pas voulu se lancer à la poursuite du véhicule coupable de l’accident et du délit de fuite, et a nié ensuite publiquement que Pierre Danon ait pris la fuite. Les forces de l’ordre ont ensuite refusé d’enregistrer une partie des témoignages, nombreux, qui se proposaient spontanément. »

L’impact s’est produit devant une trentaine de témoins, vigiles, grévistes et salariés. Autre point troublant, « la police a tardé anormalement à enregistrer la plainte de l’un des grévistes, Abdelkrim Medjahdi, qui s’est présenté trois fois au commissariat avant que sa plainte ne soit enfin acceptée ». Abdelkrim avait lui aussi failli être écrasé par le véhicule en fuite. Enfin, le document faisant état du classement sans suite décrit « une plainte de Patrick Bérol pour “accident de la circulation”, à l’encontre du seul chauffeur » . Surprenant, puisque Patrick Bérol a déposé plainte pour « violences aggravées », à la fois contre le chauffeur et son supérieur hiérarchique Pierre Danon, qui serait « au moins complice du délit de fuite et de non-assistance à personne en danger ». Patrick Bérol souffre d’une triple fracture ouverte et risque toujours de ­perdre l’usage de sa jambe.

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