La santé : un luxe

Des conditions de vie précaires et de faibles droits d’accès aux soins fragilisent les Roms. Médecins du monde tente de limiter les dégâts par des veilles sanitaires.

Pauline Baron  • 23 avril 2009 abonné·es

Absence d’eau potable et d’électricité, insalubrité. La situation sanitaire catastrophique sur les terrains non aménagés n’est pas sans conséquences. « Les conditions de vie actuelles des Roms, ajoutées à celles antérieures dans leur pays d’origine, ont une incidence nette sur leur santé » , rapporte le docteur Bernard Moriau, responsable de la « mission Rroms » en Seine-Saint-Denis pour Médecins du monde (MdM). Pathologies dermatologiques et pneumoniques mais aussi gastro-entérites sont très répandues. La population rom étant relativement jeune (82 % ont moins de 40 ans), les maladies chroniques restent rares : « On observe surtout des cas de diabète et d’hypertension » , indique Bernard Moriau. Le plus inquiétant cependant, c’est la persistance, aux côtés de ces maladies ordinaires, parfois liées au froid et à l’humidité, d’épidémies graves, dont la tuberculose, «  maladie de la misère ».

Depuis 1992, Médecins du monde mène des veilles sanitaires. L’importance de la population oblige l’association à cibler les plus fragiles : les enfants et les femmes enceintes. Pour les premiers, les campagnes de vaccination, les prescriptions d’antalgiques et de vitamines visent à prévenir les « grippes, gastro-entérites, problèmes intestinaux, rachitisme… ». Des pathologies ordinaires dont souffrent principalement les enfants. Autre préoccupation pour MdM : apporter informations et suivi médical aux femmes, en termes de contraception et de grossesses. La fragilité de cette population est palpable : on relève des grossesses précoces, en moyenne, dès 17 ans, et deux sur ­quatre ne vont pas à terme.

Pour Bernard Moriau, « l’idéal serait d’intervenir régulièrement, mais les expulsions cassent notre travail », avec à la clé les ruptures fréquentes de la continuité des soins et des vaccinations. En 2007, seuls 13 à 22 % des Roms étaient à jour dans leurs vaccins. Cette situation médicale se trouve aggravée par un éloignement du système de santé. D’une part, la couverture maladie universelle (CMU) est refusée aux immigrés illégaux et, d’autre part, les longues démarches administratives compliquent l’accès à l’aide médicale d’État (AME). Et si, dans l’ensemble, ils n’ont droit à rien, il faut savoir que « la santé n’est qu’une préoccupation secondaire » pour ces personnes qui cherchent avant tout à survivre.

Publié dans le dossier
La cause des Roms
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