Le sarcophage de tous les dangers

Vinci et Bouygues doivent mettre en place une nouvelle enceinte de confinement en 2012. Une opération difficile et risquée au-dessus des ruines du réacteur numéro 4, où se poursuit une lente réaction nucléaire.

Claude-Marie Vadrot  • 16 avril 2009 abonné·es

Les ouvriers, techniciens et ingénieurs soviétiques affectés à la mise en place hâtive du premier sarcophage destiné à contenir une partie de la radioactivité du réacteur numéro 4 détruit dans la nuit du 26 avril 1986 sont morts les uns après les autres de divers cancers. Pendant ce temps, l’Europe et l’Ukraine discutaient laborieusement de la construction d’un sarcophage plus efficace, c’est-à-dire ne laissant pas fuir, comme actuellement, des poussières radioactives continuant à polluer la région, voire l’Europe quand les vents sont « favorables ». Les négociations entamées en 1992 se sont conclues le 17 septembre 2007 par la signature d’un contrat entre l’Ukraine et le consortium Novarka, constitué par Vinci et Bouygues. Pour la mise en place d’une enceinte de confinement métallique qui pourrait être définitivement mise en place en 2012. Pour environ 500 millions d’euros, il s’agit de construire une arche d’une hauteur de 105 mètres, longue de 150 mètres et pesant une vingtaine de milliers de tonnes. Elle sera assemblée sur place puis, grâce à des rails, elle sera progressivement poussée au-dessus du sarcophage sous lequel se poursuit une lente réaction nucléaire. Nul n’est capable de dire si l’opération réussira tant la masse à déplacer est énorme et, pour l’instant, les travaux n’ont pas commencé.

Un millier de personnes seront affectées à cette construction, et il faut espérer qu’elles seront protégées de la radioactivité qui sort par des fissures de plus en plus importantes faisant craindre un effondrement de la construction actuelle. Trois problèmes restent à résoudre. Avant, il faudra démonter la cheminée de 80 mètres qui surplombe le réacteur ; ensuite, il faudra colmater les deux extrémités de l’arche ; et, enfin, il faut savoir que si le sarcophage d’acier peut contenir les poussières nocives il sera impuissant à arrêter le rayonnement gamma qui continuera de s’échapper. Jusqu’à ce que les décombres du réacteur et de l’ancien sarcophage soient évacués. Pour cette opération, nul n’a encore proposé de solutions permettant de préserver la santé des techniciens qui entreprendraient ce travail de titans.

Écologie
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