Restaurer l’image de la restauration

Face à la crise, les patrons de restaurants revoient leurs prix à la baisse pour faire revenir une clientèle devenue volage. Générosité soudaine ou stratégie de communication ?

Jean-Claude Renard  • 30 avril 2009 abonné·es

Effet de manches ou effet de crise ? L’un n’empêche pas l’autre. Depuis le début de l’année, quelques restaurants ont affiché à leur carte un « menu crise », ou plutôt un menu anticrise. La tendance parcourt l’Hexagone. De Rouen à Perpignan, de Saint-Malo à Strasbourg. Compter entre quatre et sept euros pour une entrée et un plat, ou bien un plat et un dessert. Des menus plutôt proposés en semaine, et au déjeuner. C’est ici le triomphe de l’œuf mayo, de la carotte râpée, du rôti de porc et de la crêpe Suzette. Et une manière de faire revenir une clientèle (réfugiée du côté de la restauration rapide). On cuisine des produits modestes, on réduit ses marges.
Forcément, c’est intéressant pour le consommateur. Qui, tout de même, peut se poser deux questions : pourquoi n’avoir pas proposé ces prix auparavant ? Et qu’en sera-t-il après la crise ? À vrai dire, ces opérations relèvent de la com et répondent moins au budget défaillant des consommateurs qu’à celui d’une profession qui (après avoir abusé du passage à l’euro) périclite. Selon le Syndicat des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat), au premier trimestre 2009, la diminution du chiffre d’affaires atteindrait entre 20 et 30 % en région, et 10 % à Paris. Addition salée qui s’ajoute aux 6 500 fermetures d’établissement en 2008.
Si le ticket moyen chute, c’est surtout la restauration traditionnelle qui trinque. Il est temps pour elle de se remettre en question, de repenser la table et l’assiette. C’est dans ce contexte délicat que se sont ouverts les États généraux de la restauration le 28 avril. Avec, en perspective, dès le 1er juillet, la baisse de la TVA, de 19,6 % à 5,5 %, alignée ainsi sur la restauration rapide. Un serpent de mer pour le secteur. Lequel s’est engagé, en contrepartie, sur une baisse des prix, une réévaluation des salaires et des créations d’emploi. Parions que cette baisse de la TVA ne servira qu’à remplir les caisses des restaurateurs. Ni plus ni moins.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »
La Midinale 12 septembre 2025

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »

Safia Dahani, docteure en science politique, co-directrice de l’ouvrage Sociologie politique du Rassemblement national aux Presses universitaires du Septentrion, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre
Décryptage 11 septembre 2025 abonné·es

Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre

Plus de 200 000 personnes se sont mobilisées ce 10 septembre. Des chiffres qui dépassent largement les estimations du gouvernement, même si cela reste peu en comparaison de la lutte contre les retraites. Un tremplin vers la mobilisation intersyndicale du 18 septembre ?
Par Pierre Jequier-Zalc
« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »
Entretien 11 septembre 2025 abonné·es

« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »

Historienne et spécialiste des mouvements sociaux et des mobilisations féministes, Fanny Gallot appelle à « désandrocentrer » le travail pour appréhender la diversité du secteur reproductif, aujourd’hui en crise.
Par Hugo Boursier
10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »
Analyse 11 septembre 2025 abonné·es

10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »

Le 10 septembre devait rassembler tout le monde. Pourtant, les jeunes des quartiers populaires étaient peu représentés. Absents ou oubliés ? Dans les rassemblements, au sein des associations et pour les jeunes eux-mêmes, la question s’est posée.
Par Kamélia Ouaïssa et Pauline Migevant