Sélection TV/Radio

Jean-Claude Renard  • 23 avril 2009 abonné·es

TÉLÉVISION

Samedi 25 avril

La Parenthèse

France 3, 16 h 05

La reconversion de quelques personnes dans les métiers du bois, à l’École supérieure d’ébénisterie de Thor (Vaucluse). Joëlle Stechel offre une réflexion sur la transmission et sur la place du travail manuel dans une société tournée vers le tout-virtuel.

Lundi 27 avril

Les Fantômes de My Lai

France 5, 20 h 35

Retour sur la guerre du Vietnam, en 1968, sur les soldats américains anéantissant le village de My Lai. Plus de cinq cents civils ont été abattus, des femmes, des enfants, des vieillards. Le massacre, étouffé par l’État-major américain et révélé dans la presse un an plus tard, a été un tournant dans la guerre, faisant basculer l’opinion publique. Images et photographies appuient ici les voix des survivants recueillies par Jean Crépu et Thomas Bronnec.

Lundi 27 avril

Le Cuirassé Potemkine

Arte, 23 h 30

La version restaurée et non censurée du classique d’Eisenstein. Commandé par les autorités soviétiques pour le vingtième anniversaire de la révolution de 1905, le film avait été censuré pour avoir trop bien su exalter la révolte des humbles. Outre un préambule de Trotski, soigneusement supprimé, et les sous-titres originaux, les restaurateurs ont exhumé plusieurs plans coupés.

Jeudi 30 avril

Les Filles des ruines

France 2, deuxième partie de soirée

C’est en découvrant les images en couleur tournées par l’armée américaine dans les jours qui ont suivi la chute de Berlin, en 1945, que le réalisateur, Xavier Villetard a eu l’idée de ce film. « Partout où le regard se porte, il n’y a que des femmes, des enfants, quelques vieillards. Partout “les filles des ruines” sortent des entrailles des maisons et elles sont si nombreuses que les hommes paraissent avoir disparu de la circulation. En plan fixe, elles dévisagent la caméra. » Une souffrance qui se tient debout. À Berlin, le pillage du corps des femmes par les soldats de l’Armée rouge s’est effacé derrière la barbarie nazie. Les violences sexuelles subies ont été banalisées, écrasées. « Les femmes allemandes ont bel et bien été projetées au cœur de la déroute de l’homme nazi. » Elles ont payé pour lui. Corps sonnant trébuchant. Les chiffres ne sont guère précis. Entre 100 000 et 300 000 viols ont été commis dans la seule ville de Berlin. Peu de documents ont traité cette tragédie. Xavier Villetarda a eu recours aux journaux intimes pour reconstituer les faits confrontés aux images d’archives, recoller les morceaux d’une histoire interdite. Trois Berlinoises témoignent, avec plus ou moins de spontanéité, comme s’il était temps, enfin, de parler, livrant ainsi la bataille de Berlin du point de vue de la population civile. Où le détail cru et l’âpre anecdote, sans pathos, révèlent un autre volet de la Libération, un volet invisible et tragique.

Amos Oz

Arte, 22 h 20

Portrait de l’écrivain essayiste par Masha et Yonathan Zur, à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire. Un parcours qui va des rangs de Tsahal lors de la guerre des Six-Jours et du Kippour à la fondation du mouvement La Paix maintenant (en 1977), en passant par le Parti travailliste, jusqu’à la création du Nouveau Mouvement en novembre 2008. Filmé dix-huit mois durant dans ses déplacements, en Israël, à New York et en Allemagne, l’auteur vit dans la petite cité d’Arad, au nord du désert du Neguev, militant aujourd’hui pour la création d’un État palestinien.

Vendredi 1er mai

La Mort d’un peuple

France 3, 20 h 35

Dans un hors-série du magazine « Thalassa », c’est là un documentaire exceptionnel, réalisé par Frédéric Tonolli sur plusieurs années, et conduit à la première personne. Rien de moins que le récit d’un peuple établi au-delà du diable Vauvert. Confins de la Russie. Les Tchouktches comptent moins de 10 000 pelés, étirés le long des rives de l’Arctique et de la mer de Béring.
Certains élèvent des rennes, gigotant au-dessus de la toundra, d’autres sont chamans et guérisseurs, beaucoup sont pêcheurs, ferrant le mammifère marin, phoques et morses, la baleine en tête de harpon. À la Révolution russe, les Tchouktches avaient connu un premier séisme, entre déplacements forcés des populations et déportations vers les bagnes sibériens. Sovkhozes à la clé.
La fin du XXe siècle a sonné le glas de ces trognes du labeur ingrat et discret, sans intérêt productiviste. Restent des humbles accrochés à leurs racines,
arrachés in fine.
Un documentaire qui illustre la faillite de l’Union soviétique et surtout rend compte de la disparition prochaine d’un peuple. Entre vodka destructrice, blizzard tenace, suicides et chansons entonnées au détour des conversations.

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