Bien léger, ce paquet Climat

L’Europe organise un service minium sur le climat, alors que la dégradation s’amplifie. Les objectifs officiels pour 2020 ont peu de chances d’être atteints.

Claude-Marie Vadrot  • 28 mai 2009 abonné·es

L’intitulé des négociations entre les Européens – le paquet Énergie-Climat – pourrait laisser croire que les 27 pays ont jeté par-dessus bord leurs intérêts nationaux et mis « le paquet » pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais l’accord négocié une dernière fois en décembre 2008 a préféré un catalogue de bonnes intentions aux mesures efficaces. D’où la satisfaction du président français, se rengorgeant alors devant une presse politique incapable de distinguer un panneau solaire d’une usine à charbon : « Il n’y a pas un continent au monde qui se soit doté de règles aussi contraignantes. » Les mesures récemment prises par les États-Unis pourraient bientôt le faire mentir ; mais, surtout, les règles sont grevées de tant d’exceptions et de passe-droits que l’objectif officiel pour 2020 aura du mal à être atteint : réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, une consommation énergétique relevant pour 20 % des énergies renouvelables, et 20 % d’économies d’énergie.

Avec l’accumulation des exemptions de taxes et de réductions arrachées à Poznan par l’Allemagne, la Pologne et l’Italie, les objectifs sont hors d’atteinte. En 2020, il sera toujours temps de réviser ces objectifs ou d’en définir d’autres pour une date plus lointaine. Sauf si les compagnies d’assurance, très actives sur ce point dans les coulisses, obtiennent de nouveaux progrès. Pas pour les beaux yeux de la planète et des États menacés de désertification ou de submersion marine, mais parce que le coût des catastrophes naturelles attribuées au réchauffement devient économiquement insupportable, au point de menacer leur équilibre financier. En 2008, les grandes compagnies ont enregistré 45 milliards de dollars de pertes dans ce secteur, soit une augmentation de 50 % par rapport à 2007. Au point que de nombreux assureurs songent, en Europe et aux États-Unis, à exclure progressivement le risque de tempête et d’inondation de leurs garanties. Sauf (grosses) primes supplémentaires, évidemment.
La crise économique sert de prétexte pour retarder un gros effort contre la progression et les conséquences du réchauffement. Ce qui ouvre les perspectives d’une crise écologique et climatique qui sera au cœur des marchandages en décembre au sommet climatique mondial de Copenhague.

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