Chômeurs et salariés, même combat ?

Un nouveau front se dessine à l’occasion des États généraux du chômage et de la précarité.

Fanny Derrien  • 14 mai 2009 abonné·es
Chômeurs et salariés, même combat ?

Des manifestations interprofessionnelles le 29 janvier, le 17 mars et le 1er mai ; d’autres prévues le 26 mai puis le 13 juin… Mais « on n’attendra pas le 26 mai pour agir », lâche Évelyne Perrin, animatrice d’Agir ensemble contre le chômage (AC !). L’absence de réponses à la hauteur de la crise provoque « une exaspération sociale qui ne trouve pas de débouché unitaire ni de réponse syndicale suffisamment radicale et durable », constate le Collectif pour des droits nouveaux [^2], à l’origine des États généraux du chômage et de la précarité qui se tiendront les 16 et 17 mai à Bobigny.

Le Collectif appelle à la création d’une coordination de salariés, de précaires et de chômeurs, et réunira des syndicalistes et des militants associatifs et politiques avec l’objectif « d’établir une plateforme de revendications communes » , résume Évelyne Perrin. Une « plateforme unitaire pour une garantie de revenu et la continuité des droits » , élaborée en 2006 par quinze associations, organisations et syndicats, servira de base de réflexion.
Le texte revendique notamment le droit à un revenu décent et la garantie de droits sociaux (santé, logement) pour tous les chômeurs et les précaires grâce à la création d’un fonds national, interprofessionnel et mutualisé fondé sur une nouvelle répartition des richesses. Mais les débats promettent d’être houleux entre syndicats et partis de gauche autour de plusieurs propositions. Il sera en effet question du relèvement et de l’élargissement du revenu de solidarité active (RSA) aux moins de 25 ans, de la création d’une allocation pour les jeunes à la recherche d’un emploi et du maintien du salaire pour les personnes licenciées grâce au Fonds d’intervention social, mis en place en avril. Surtout, les avis divergent sur la notion de flexsécurité et sur la responsabilité du capitalisme dans les causes de la crise.

En outre, la CGT-Chômeurs et la FSU n’ont pas encore signé la plateforme élaborée en 2006, et le MNCP s’est retiré de l’organisation des États généraux. Malgré tout, organisateurs et participants espèrent obtenir des résultats, explique Michel Rousseau, des Marches européennes contre le chômage : « La crise ne suscite pas des attitudes de repli mais des mobilisations. Avant, les chômeurs cachaient leur situation à leurs proches ; aujourd’hui, ils se font entendre et se rendent visibles. »
Et la défense des chômeurs est devenue une des priorités pour les syndicats, alors que le niveau de chômage bat des records. Les États généraux comptent ainsi sur la présence d’ouvriers de Caterpillar et de syndicalistes de la CGT. Ils seront aussi l’occasion de mettre en place des initiatives au niveau européen. Parmi les propositions figure une marche des chômeurs et des salariés. Comme dans les années 1990.

[^2]: AC !, Actuchomage, Apeis, Attac Campus Quartier Latin, Collectif féministe Ruptures, Collectif national pour les droits des femmes, Droit au logement, Droits devant !!, Fondation Copernic, Génération précaire, Marches européennes, No Vox, SNU-Pôle emploi-FSU, SNU-TEFI-FSU, Stop Précarité, Union syndicale Solidaire.

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