Dray Guevara

Sébastien Fontenelle  • 14 mai 2009 abonné·es

Le (très) gros titre explose en lettres de six cents mètres de haut, dimanche (10 mai), à la une du Parisien : « Julien Dray sort du silence ».
En soi, déjà, c’est furieusement alléchant, car les contributions de Julien Dray au débat public sont toujours d’un immense intérêt – on se rappelle, notamment, qu’il avait largement révolutionné l’histoire des sciences politiques en déclarant, il y a deux ans : « Oui, mon gars, tel que tu m’vois, je soutiens Marie-Ségolène Royal, et j’aime ça. »

Mais là, c’est d’autant plus exaltant que c’est pile « cinq mois après le début de l’affaire » de « mouvements financiers suspects » où il a été mis en cause que Julien Dray « parle enfin » et « se confie en exclusivité » à Dominique de Montvalon ( also known a s Dom Woodward), du Parisien – et cette info est si extraordinaire que la presse dans son entier la reprend, du Figaro ( « Julien Dray rompt le silence » ) au Miami Herald ( « You’re talking to me ? » ) [^2].

Et que dit Julien Dray quand il « sort » (enfin) « du silence » ?
Julien Dray psalmodie qu’il est probablement sous le coup d’un (vil) complot [^3] et qu’il est « archifaux » de prétendre qu’il aurait une « vie luxueuse » (nonobstant qu’il pose dans le Parisien avec une élégante cravate Hermès probablement plus onéreuse qu’un modèle de chez Celio) – puis lance qu’il s’expliquera « devant la justice et personne d’autre », histoire de ne pas nourrir un « voyeurisme malsain([^4]) » .
Puis Julien Dray, se rappelant soudain qu’avant d’être une incarnation du « socialisme » sécuritaire il a été jeune et fougueux, et même un peu communiste, prévient le monde (que cette révélation traumatise) qu’il a (je n’invente rien) « retrouvé dans [sa] tête l’énergie et la radicalité de ses 20 ans » – et le prouve en appelant, pour une « victoire » de « la gauche » en 2012, à « une coalition allant des modérés du Modem à l’extrême gauche ».
Dray Guevara !

[^2]: Nan, je rigole.

[^3]: Comme s’il était d’une telle importance dans le paysage politique français que d’aucun(e)s aient fomenté de l’en « éliminer », comme il dit.

[^4]: En résumé : Julien Dray « sort du silence » pour ne rien dire, ou presque – et les journaux unanimes célèbrent par de frénétiques vivats ce non-événement absolu.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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