Sélection TV/Radio

Jean-Claude Renard  • 18 juin 2009 abonné·es

RADIO

Du 20 juin au 26 juillet

Thomas Bernhard

France Culture

L’auteur est mort voilà vingt ans. On n’en finit pas cependant de saluer l’écrivain, le dramaturge, de rappeler l’œuvre magistrale. De nombreux romans, pièces de théâtre et récits caractérisés toujours par son style nu et tranchant, son regard aiguisé, acerbe et impitoyable, son pessimisme rehaussé de touches de désespérance, ses humeurs, surtout les mauvaises, ses obsessions de coriace atrabilaire, ses principes à l’emporte-pièce, ses condamnations, retranchées derrière quelques personnages, porte-parole de l’auteur, marionnettiste tumescent. Bernhard n’a pas été un auteur ignoré. Il n’a pas manqué les prix, les récompenses. Ni les scandales qui ponctuaient chacune de ses apparitions publiques. En 1972, il cesse officiellement d’appartenir à l’Église catholique ; en 1979, il démissionne de l’Académie allemande de littérature. Il ira jusqu’à interdire la vente de ses livres en Autriche. Il ne s’agit donc pas de reconnaissance tardive. La postérité ne lui doit rien. Elle lui est déjà acquise. Il lui arrive de ne pas se tromper. Saluer Bernhard aujourd’hui ne signifie pas « rattraper » quelque chose qu’on aurait manqué ou mal compris au bon moment. La critique a toujours quelques décennies de retard sur l’artiste. Air connu. Bernhard connaissait la chanson. Mais plus le temps est passé, plus l’œuvre s’est imposée, avec une évidente singularité dans la seconde moitié du XXe siècle.

France Culture propose précisément une rétrospective, à l’occasion des vingt ans de la disparition de Bernhard, avec pléthore de documentaires, d’entretiens et de fictions. À commencer par un premier docu, ce samedi 20 juin (de 15 h à 16 h), Thomas Bernhard par lui-même , dessiné à partir d’archives, livré comme un autoportrait sonore. À suivre par une longue interview, dimanche 21 juin (de 20 h à 22 h), réalisée en 1970. Au programme également, quelques adaptations pour la radio, dont l’Imitateur (samedi 27 juin, de 22 h 10 à 23 h), le Neveu de Wittgenstein (dimanche 28 juin, de 20 h à 22 h) ou encore l’Ignorant et le fou (dimanche 5 juillet, de 20 h à 22 h). En somme, la franche occasion de refaire le monde (artistique), de gloser, de se gargariser, de tirer à boulets rouges sur les autres, forcément tragiques, forcément comiques, de retrouver des êtres en sursis, sur le retour, au bout du rouleau (compresseur), qui viennent hurler l’horreur de vivre. Ça médit, maudit dans l’excès, dans une cosmogonie où l’on n’exagère jamais assez. On naît négatif ou on ne l’est pas.

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