La preuve par Anduze

Le 14 juin, le canton d’Anduze (Gard) élisait au conseil général une candidate de la Gauche alternative. Dominique Herman, coordinateur de la campagne, revient sur les raisons de ce succès.

Dominique Herman  • 17 juillet 2009
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Le 14 juin, dans le canton d’Anduze (Gard), la candidate de la Gauche alternative, Geneviève Blanc, et Christian Vigne, son suppléant, remportaient facilement l’élection contre l’UMP, avec 2 086 voix (57,62 %) contre 1 534 voix. Ce cas n’étant pas fréquent, cette tribune a pour but de revenir sur les conditions de cette victoire. S’il n’y a pas de recette à copier, il y a des leçons à tirer qui peuvent aider d’autres équipes militantes.
Cette victoire, c’est dix-huit mois de campagne sur le terrain, depuis décembre 2007. Résumons-en les ingrédients. Des candidats enfants du pays, très ancrés dans la réalité locale : Geneviève, ancienne élue communale et intercommunale, travaillant dans le champ de l’insertion et du développement local ; Christian, viticulteur président de sa cave coopérative.

Une équipe de campagne d’une quinzaine au démarrage, qui va gonfler, jusqu’à plus de 50 personnes (le canton d’Anduze, c’est 8 communes, 12 000 habitants et 9 183 électeurs). Et qui est à l’image de cette nouvelle gauche que représente ici notre association Gauche alternative Cévennes-Garrigues : un rassemblement pluraliste de citoyens, d’altermondialistes et d’associatifs, dont plus de 80 % n’ont jamais été membres d’un parti, nos candidats compris ! Si les anciens encartés représentent un éventail large (LCR, Verts, PCF…), ils sont, comme tous, peu intéressés par une « recomposition politique » qui avance au rythme de regroupements ponctuels, de petites scissions, de promesses d’unité jamais tenues depuis janvier 2007. On peut dire que beaucoup sont signataires de l’Appel de Politis … et qu’on a pris au mot son slogan, « l’alternative à gauche, organisons-la ! » Une vraie gauche de terroir mais pas localiste, une gauche en émergence pas du tout virtuelle, même si certains à Paris ne la voient pas encore.

Notre programme, écrit par vingt-cinq acteurs locaux, nous permet de parler de tout (démocratie citoyenne, développement local, solidarités, services publics, pour ne citer que ces thèmes) en apportant des propositions concrètes ou des orientations crédibles (forum cantonal, avant-pays comme modèle de ruralité, refus de la marchandisation des services sociaux, défense des services publics…). La création d’un site Internet [^2] très consulté et d’un film a accru la crédibilité de notre liste ; nous aurons dans le canton 239 signatures de soutien.
Cette victoire, c’est aussi la construction de l’unité pas à pas. Les contacts unitaires lancés auprès des partis « à gauche du PS » ont démarré dès décembre 2008. Ils ont concerné les Alternatifs, la Fédération, les Verts, le NPA, le PCF et le PG.

Alternatifs et Fédération sont plus que des partenaires, ils ont avec nous la perspective d’un regroupement avec la Fédération. Verts et NPA ont été des partenaires fiables et constants dès que nous avons clarifié notre positionnement politique au sein de la majorité départementale avec totale autonomie (« constructifs mais aussi critiques chaque fois qu’il le faudra »). Localement, les candidats sont connus des militants de ces partis et se retrouvent dans des combats communs, ce qui a certainement aidé à faire passer l’enjeu de la victoire électorale devant la logique des organisations.

PCF et PG, qui n’existe pas dans le canton, ont refusé de rejoindre l’unité qui se mettait en place. Ils ont posé une condition inacceptable : alors que nous avions l’accord avec Verts et NPA, notre candidate devait s’engager à rejoindre le groupe communiste au conseil général en cas d’élection. Un communiqué unitaire au niveau gardois, signé par les Alternatifs, la Fédération, l’Appel de Politis, NPA, et des militants PCF, PG et Gauche unitaire, que nous remercions, a dénoncé ce préalable.
Le premier tour, le 7 juin, a confirmé l’impact de notre candidature et la qualité de l’unité réalisée… Le PS est éliminé dès le premier tour, n’ayant pas atteint 10 % des inscrits malgré 21 % des votants. Le PCF, devenu Front de gauche avec suppléante PG, perd encore des voix par rapport à 2008, passant de 387 à 349 voix (8 %). La comparaison FG-européennes/FG-cantonales, est éclairante : des électeurs, intéressés par cette unité partielle du FG aux européennes, n’y croyaient plus pour les cantonales, y voyant même une alliance anti-unitaire. Nous gardons nos voix de 2008, passant du fait d’un fort taux d’abstention de 18 à 26 %.
Seuls représentants de la gauche pour le deuxième tour, les candidats de la Gauche alternative obtiennent dans l’entre-deux tours le soutien départemental des groupes PS et PCF au conseil général, du candidat PS éliminé, mais notons que le candidat PCF-« Front de gauche » refuse de l’apporter… Investis d’une responsabilité nouvelle, tout en gardant notre programme, nous réussissons une grande réunion unitaire, chacun parlant de façon authentique à partir de sa spécificité, mais se montrant capable de construire du commun.

En 2008, le PCF et le PS avaient soutenu un candidat « sans étiquette », devenu « divers gauche » entre les deux tours, ce refus nous privant d’une victoire probable. Cette fois, grâce au soutien de presque toute la gauche, aux exceptions locales près, les candidats de la Gauche alternative l’ont nettement emporté le 14 juin 2009, avec des scores variant de 51 à 73 % dans les 8 communes. Nous pouvions savourer notre victoire… Celle de tous ceux qui y ont participé à proportion de l’investissement qu’ils y ont consenti ! Une victoire alternative et citoyenne, écologiste et anticapitaliste, et de toutes les forces de gauche qui se sont retrouvées finalement derrière nous.

[^2]: . Allez y faire un tour ! Pour tout contact : coquelicot-30@orange.fr.

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