N’insistez pas, je n’irais pas !

Sébastien Fontenelle  • 2 juillet 2009 abonné·es

Valérie Pécresse (ministre UMP de l’Enseignement supérieur entrée en politique – ce détail (inintéressant) aura tout à l’heure sa petite importance – par les chemins de la Chiraquie), réagissant le 29 juin au score de la Pen (39,34 %) à Hénin-Beaumont (Nord), où le parti kozyque s’est lamentablement vautré à moins de 5 %, Valérie Pécresse, disais-je, commentant ce résultat, donne l’impression de bien se rappeler que son boss du moment, le (tout) petit Nini Talonnettes [^2], avait juré naguère, c’était en 2007, de ramener le votant pénien dans le giron de la République, et qu’il avait de fait mené campagne dans les cloaques, flattant les phobies de ses fans, et s’attirant même cet avis d’expert de Daniel Simonpieri, maire de Marignane revenu du Front national vers l’UMP : « Beaucoup d’électeurs FN ont constaté que Nicolas Sarkozy disait les mêmes choses que Le Pen, mais que lui avait une chance de les mettre un jour en application. »
Mesurant, par conséquent, qu’elle joue dans une équipe dont le (talonnetteux) capitaine ignore totalement la honte de mettre son pas dans les pas du Pen, Valérie Pécresse lâche que si elle était, ce qu’à Dieu ne plaise, électrice à Hénin-Beaumont, plutôt que native de Neuilly-sur-Seine, elle n’irait pas voter, la semaine prochaine, au deuxième tour de l’élection municipale où le FN, donc, a gagné le premier tour.
Non, crie-t-elle, j’irais pas.
N’insistez pas.

Motif : « Comment voulez-vous choisir entre une gauche qui a été condamnée pour détournement de fonds et pour le Front national ? »
Et naturellement, vaut mieux lire ça que de perdre un doigt (comme disait Maurice Herzog à son retour de l’Annapurna), mais c’est là que le détail (inintéressant) dont je parlais tout à l’heure prend de l’importance, parce que c’est grâce au gentil soutien de Jacques Chirac que Valérie Pécresse a pu, après 2002, gravir un à un les échelons qui l’ont finalement hissée jusqu’à l’étage où se trouvait le providentiel Kozy.
Chirac !

Justement le gars élu, en 2002, parce que des millions de Françai(se)s ont voté pour un « escroc » plutôt que pour un « facho » , comme disaient alors les banderoles des manifs – en se bouchant très fort le nez pour ne pas être incommodé(e)s, dans l’isoloir, par la très forte odeur de cabinet d’instruction qui montait de leur candidat par défaut.
Pécresse, pur produit du chiraquisme post-2002, doit en somme son parcours à ces gens qui ont fait un choix très net entre un Pen et un candidat totalement plombé par les « affaires » : qu’elle ose courcailler aujourd’hui qu’elle refuse de faire le même choix établit que, décidément, jamais la honte n’éblouit les yeux des sarkozystes [^3].

[^2]: Je sais, je sais : ce n’est pas très gentil, de se moquer des personnes de (toute) petite taille. Surtout quand elles sont obligées de se jucher sur un tabouret pour que leur nez soit au niveau du menton d’Obama.

[^3]: Ah, tiens, juste comme je finis ce billet, voilà que la Pécresse, se ravisant, jure ses grands dieux que, finalement, à titre personnel, elle appelle à voter, à Hénin-Beaumont, contre le Front national. Une fois elle dit blanc, une fois elle dit noir, avec toujours le même aplomb : je dirais que c’est de bon augure pour de futures négociations.

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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