La surveillance mal contrôlée

Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, veut tripler le nombre de caméras de vidéosurveillance. Mais ces dispositifs seuls ne sont pas efficaces pour lutter contre la délinquance et sont parfois illégaux.

Ingrid Merckx  • 27 août 2009 abonné·es

Retourner les chiffres à son avantage, Brice Hortefeux s’en était fait une spécialité au ministère de l’Immigration. Il récidive à l’Intérieur : s’appuyant sur les chiffres de l’Observatoire de la délinquance publiés le 20 août et annonçant une hausse de 4,13 % des violences à la personne et de 12 % des cambriolages, le « premier flic de France » a déclaré qu’il voulait « tripler » le nombre de caméras de vidéosurveillance dans l’Hexagone en les faisant passer de 20 000 à 60 000 d’ici à 2011. Poursuivant ainsi la politique initiée par Michèle Alliot-Marie, il s’appuie sur un document récent concluant à l’efficacité d’un tel dispositif.

En effet, d’après un rapport confidentiel de l’Inspection générale de l’administration, l’Inspection générale de la police nationale et l’Inspection technique de la gendarmerie nationale, « l’analyse des statistiques de la délinquance ­montre un impact significatif de la vidéoprotection en matière de prévention » . Et l’impact le plus significatif concernerait justement les agressions contre les personnes… Mais, d’après ce rapport, l’impact sur le taux d’élucidation des enquêtes serait peu marqué, et l’impact général ne serait significatif que si la surveillance est assortie de sanctions et si les caméras ne se substituent pas aux agents. Or, dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques, l’heure est à la suppression de postes dans les forces de l’ordre. Ce qui met d’ailleurs le gouvernement face à une contradiction entre sa politique sécuritaire et sa politique de réduction des dépenses publiques. Concernant la vidéosurveillance, se pose un autre problème : selon la Commission nationale informatique et des libertés (Cnil), « personne, y compris au ministère de l’Intérieur, n’est ca­pable de déterminer le nombre exact de caméras de surveillance sur la voie publique » . Certaines seraient « illégales » .

Société
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