Manœuvre grossière

Israël défie Obama et intensifie la colonisation avant un « gel provisoire »…

Denis Sieffert  • 10 septembre 2009 abonné·es

Le gouvernement israélien a donné son feu vert lundi à la construction de plusieurs centaines de nouveaux logements dans les colonies juives de Cisjordanie occupée. C’est le ministre de la Défense, le travailliste Ehud Barak, qui a signé l’autorisation de construire 455 logements « dans les blocs d’implantations », selon la terminologie officielle. Preuve, s’il en était besoin, que la politique d’expansion coloniale n’est pas l’apanage de la droite israélienne, comme se plaisent à l’écrire certains commentateurs. Sur ces logements, 161 seront construits dans le bloc de Goush Etzion, près de Bethléem ; 84 à Modiin Ilit, à l’ouest de Ramallah ; 76 à Givat Zeev, au nord de Jérusalem ; 89 à Maalé Adoumim près de Jérusalem ; 25, près de Kedar et 20 autres dans la colonie de Maskiot, dans la vallée du Jourdain. Cette annonce précède de quelques jours l’arrivée dans la région de l’émissaire spécial américain, George Mitchell.

Ce nouveau programme de constructions constitue évidemment un défi pour Barack Obama, qui avait demandé un gel total de la colonisation. En contradiction avec toutes les résolutions internationales, Israël continue de saper par la politique du fait accompli les bases mêmes de négociation sur le statut final des territoires palestiniens. N’est-ce pas la définition de l’État voyou ?

Le principal négociateur de l’Autorité palestinienne, Saëb Erekat, a affirmé que cette mesure «  rend nul tout éventuel gel ultérieur de la colonisation et sape la confiance dans le processus de paix » . L’Autorité palestinienne en a aussitôt appelé à la communauté internationale et, « en premier lieu, à l’administration américaine » afin que l’une et l’autre prennent « une position ferme et décisive » face à la politique d’expansion des colonies juives. « Ferme et décisive », c’est en effet ce qu’on attend de la position d’Obama. Mais le Président américain, sur ce sujet comme sur d’autres, semble tergiverser. S’accommodera-t-il de la manœuvre israélienne qui consiste à intensifier la colonisation afin d’observer un moratoire sur les constructions durant ensuite quelques mois ? En hâtant le programme de construction, le gouvernement israélien espère gagner sur les deux tableaux : tenir ses objectifs de colonisation et tirer tout de même un avantage diplomatique d’un gel temporaire, ensuite. Barack Obama et les Européens feindront-ils d’être les dupes d’une manœuvre aussi grossière ?

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