Le charter de la honte

Tollé à gauche et dans les associations après le renvoi de migrants en Afghanistan.

Xavier Frison  • 29 octobre 2009 abonné·es

Vingt-quatre à Londres, trois à Roissy : ce sont 27 Afghans qui ont inauguré le premier charter de retour forcé vers leur pays, le 20 octobre au soir. Pour France Terre d’asile, le symbole donné avec cette expulsion « est celui de la France qui renonce à ses propres valeurs ». Le Gisti et une quarantaine d’autres organisations rappellent que « la situation n’a pas changé : l’Afghanistan est un pays en guerre. Il est inacceptable d’y renvoyer ceux qui s’en sont enfuis à la recherche d’une protection en Europe. »
*
Les « charters conjoints », contraires au principe d’interdiction des expulsions collectives, *« conduisent à des pratiques arbitraires, discriminatoires et inhumaines, au mépris des droits fondamentaux des personnes »,
poursuivent ces associations. Les réactions sont tout aussi indignées dans les partis politiques de gauche. La sénatrice Alima Boumediene-Thiery (Verts) dénonce une décision « contraire à plusieurs engagements internationaux de la France » , tandis que le PCF exige l’arrêt des reconduites à la frontière et des « charters de la honte » . Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti communiste, fustige ce ministre « qui fait ses mauvais coups après minuit […], à l’abri de tous les regards », désignant clairement Éric Besson, mi­nistre de l’Immigration. Le NPA, qui « dénonce et condamne cette politique contraire à la défense des droits de l’homme » , juge que le gouvernement fait preuve de « beaucoup de mauvaise foi et de cynisme pour oser prétendre que les expulsés auront leur sécurité garantie » . Impliquée militairement en Afghanistan contre les talibans, la France « renvoie ces hommes dans la gueule du loup » , estime Martine Aubry, la Première secrétaire du PS. France Terre d’asile demande que l’Union européenne applique dans les faits sa directive de protection temporaire, adoptée par tous les pays de l’Union, pour venir en aide aux migrants en danger.

Temps de lecture : 2 minutes