L’homme sans vanités

Alain Crombecque était
un grand défenseur
de l’art universel.

Gilles Costaz  • 22 octobre 2009 abonné·es

Peu de directeurs, artistiques ou non, ont la simplicité qu’avait Alain Crombecque, le directeur du Festival d’automne à Paris, décédé la semaine dernière à 70 ans. Indifférent au pouvoir, aux apparences et aux clans, il pouvait passer pour autiste tant il fuyait les prises de paroles. Mais, quand il parlait, quel brio ! Il parlait peu, en fait, mais agissait, l’air d’un enfant terrorisé par le jeu social et enchanté par le jeu artistique. Comment ce chat craintif avait-il pu être le jeune collaborateur de Jérôme Savary, de Patrice Chéreau, de Claude Régy et d’Alfredo Arias ?

Crombecque venait du syndicalisme étudiant : il avait été vice-président de l’Unef pendant les années 1960. Homme de gauche, il se vit poussé dans les cabinets décisionnels par un homme de droite, Michel Guy, qui, devenu secrétaire d’État à la Culture, lui confia le Festival d’automne. Mais Crombecque fut vraiment un grand défenseur de l’art moderne et de l’art universel quand il prit, pour huit ans, la direction du festival d’Avignon, en 1985. Il ouvrit le programme à Nathalie Sarraute ou Francis Ponge, et fit une large place aux théâtres traditionnels. Ensuite, il revint au Festival d’automne, où, sachant travailler avec son équipe et particulièrement ses deux principales collaboratrices, Marie Collin et Joséphine Markovitz, il invita les novateurs qui ont succédé peu à peu aux Robert Wilson ou Merce Cunningham. Il est parti, croyons-nous, sans avoir jamais eu d’ennemis.

Culture
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