Sabordage

La consultation interne a approuvé la « rénovation » proposée par Martine Aubry.

Michel Soudais  • 8 octobre 2009 abonné·es

N’était une participation dans les urnes très moyenne
– 46% , 92 000 votants –, la consultation des militants socialistes sur la « rénovation » de leur parti aurait pu tourner au plébiscite pour Martine Aubry. Aux onze questions qu’elle leur avait posées, ils ont répondu « oui » : à 87 % pour des règles assurant la fiabilité des votes internes, à 78 % pour une réforme des statuts, à 61 % pour plus de diversité dans le parti, à 72 % pour la fin du cumul des mandats, à 68 % pour des « primaires ouvertes ».
Cette dernière innovation, dont les modalités restent à définir, s’apparente à un sabordage. En se dessaisissant du monopole de désignation de leur champion, les adhérents du PS ne s’adaptent pas seulement à la présidentialisation de la Ve République, ils modifient aussi de fond en comble le fonctionnement et la fonction de leur parti. Au profit d’un système qui favorisera le candidat le moins à gauche et disposant de la plus forte notoriété médiatique.

Le 2 octobre, les militants devaient également élire le « premier des socialistes » dans chaque région. En jargon socialiste, le terme désigne celui qui a vocation à être tête de liste ou à négocier sa composition avec les éventuels partenaires politiques. Dans la plupart des cas, il n’y avait qu’un candidat et, dans 18 régions sur 22, les présidents socialistes sortants mèneront la bataille. Le seul véritable enjeu était en Languedoc-Roussillon.
Le scrutin y opposait Éric Andrieu, premier fédéral de l’Aude, peu enclin à ranger les socialistes derrière Georges Frêche, exclu du PS pour des propos à connotation raciste, et l’ancien rugbyman et maire de Gruissan, Didier Codorniou, proche du sulfureux président de la Région, disposé à travailler avec lui et à lui céder la tête de liste. Il a réuni sur son nom 70 % des suffrages et entend bien convaincre Paris que la tête de liste sera Georges Frêche, présenté comme un « leader incontesté, charismatique ». Avec un tel étendard, la rénovation a du plomb dans l’aile. Le rassemblement de la gauche aussi.

Politique
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