Le casse-tête des têtes de liste

C’est cette semaine que le PCF doit proposer les têtes de liste régionales et départementales qu’il laisse à ses partenaires.

Michel Soudais  • 17 décembre 2009 abonné·es

Pierre Laurent conduira la liste de l’autre gauche en Île-de-France. Les délégués des fédérations de la région capitale l’ont investi, lundi soir, lors d’une conférence régionale, par 226 voix pour, 26 contre et 49 abstentions. Cette désignation, prévisible depuis qu’elle avait été « proposée » à l’issue d’une réunion des secrétaires fédéraux franciliens, le 8 décembre, avait pourtant suscité des remous au sein du Front de gauche, que ce soit chez les communistes ou du côté de Jean-Luc Mélenchon (PG), qui revendique le poste. Chez les partenaires du Front de gauche, que viennent de rejoindre les Alternatifs (voir page 29), après la Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE), le choix du PCF, jugé emblématique du comportement de ce parti à leur égard, était observé avec une certaine inquiétude.

Vendredi, quatre « communistes unitaires », membres du conseil national du PCF, Gilles Alfonsi, Bernard Calabuig, Sylvie Larue et Catherine Tricot, avaient déploré, dans un communiqué, le choix « en petit comité de Pierre Laurent contre celui de Patrick Braouezec, sans débat transparent et sans concertation avec les autres forces » du Front de gauche. Cela « envoie un signal négatif » , déploraient-ils. Estimant qu’il ne pourrait y avoir « de dynamique large en dehors d’un véritable partenariat respectueux de la diversité des hommes et des femmes désireuses de s’y engager » , ils demandaient « la coconstruction de la campagne et des listes ».

Samedi, c’était au tour de Patrick Braouezec de déplorer s’être heurté « à un mur systématiquement érigé par la direction nationale » du PCF. Le député de Seine-Saint-Denis y rappelait qu’il souhaitait conduire des listes porteuses d’un « projet novateur et populaire », qui portent une « démarche rassembleuse, ouverte, inédite et unitaire » allant bien au-delà des trois formations du Front de gauche, « tout en valorisant le rôle joué par le PCF » . Regrettant que « des considérations d’appareil l’aient emporté sur la volonté d’obtenir le meilleur résultat électoral possible dans cette région capitale qui va, à maints égards, donner le ton du scrutin dans notre pays » , il annonçait le retrait de sa candidature.

C’est aussi parce que cette région donnera le ton du scrutin que Jean-Luc Mélenchon en revendique la tête de liste. Une candidature à laquelle le Parti de gauche n’entend pas renoncer sans contreparties. « Si on n’a pas l’Île-de-France, on sera ferme sur six régions » , dont l’Aquitaine, où il défend la candidature d’une personnalité, l’avocat Gérard Boulanger, annonce son secrétaire national aux relations extérieures, Éric Coquerel. Le PG souhaite conduire les listes « Ensemble. Pour des régions à gauche, solidaires, écologistes et citoyennes » en Rhône-Alpes, où il a cinq élus et un groupe à la région ; en Midi-Pyrénées ; en Languedoc-Roussillon, où il présente René Revol, maire de Grabels (Hérault) et opposant historique à George Frêche ; dans les Pays-de-Loire et en Franche-Comté. Il réclame aussi 23 têtes de section départementale, considérant qu’une bonne « base de répartition » consiste à accorder 50 % des places au PCF, 30 % au PG et 20 % aux autres partenaires (Gauche unitaire, FASE, Alternatifs, République et socialismes, M’PEP…).

Ces derniers enregistrent avec agacement l’annonce des têtes de liste communistes, un peu partout en France. Et craignent qu’elles soient le signe que les communistes ne conçoivent de rassemblement qu’«  autour du PCF » . Un ralliement pur et simple dont ils ne veulent pas, d’où leur insistance à demander une « coconstruction » de la campagne pour l’heure improbable. « C’est dans les régions que ça se décide » , notent les observateurs du PCF en doutant de la capacité de la direction communiste à convaincre ses fédérations de ne pas préempter toutes les places.

La réponse à cette question devait être connue mercredi soir. Pierre Laurent a en effet annoncé, mardi matin, que le PCF ferait une proposition à ses partenaires à l’issue d’une réunion des secrétaires fédéraux. Comme pour couper court aux polémiques sur sa désignation, il a aussi dévoilé qu’en Île-de-France le PCF offrira à ses partenaires cinq des huit départements. Il se réserve la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, où les listes seront respectivement conduites par Marie-George Buffet et Christian Favier, le troisième département à direction de liste PCF étant discutable.

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