Sabine Weiss : la plénitude et la simplicité
Avec Doisneau et Ronis, Sabine Weiss est une grande représentante de la photo humaniste. Elle raconte ici son parcours de photographe : la mode, la publicité, mais surtout le reportage. Et commente pour nous quelques-uns de ses clichés, riches d’atmosphère et de sensibilité.

Au fond de l’image en noir et blanc, les immeubles du baron Haussmann s’alignent le long de la porte de Vanves, au-dessus d’un terrain vague qui attend son périphérique. Les façades s’estompent, s’écrasent dans la grisaille. Frêle silhouette d’un facteur arc-bouté sur le guidon de son vélo. C’est le petit matin et l’heure de la tournée. Au premier plan, le terrain vague se pique de neige. Un cheval se cabre. Deux fers en l’air. Dans la basse température, il en a marre d’être attaché sans doute. Il renifle les abattoirs pas loin. Son hennissement traverse l’hiver.
Pour visualiser ou télécharger les photos de Sabine Weiss publiée dans Politis et réunies ici dans un document PDF, cliquez sur l'image : {: class="spip-document text-center"}
À peine plus loin, du côté de la porte d’Ivry et du boulevard Masséna. Rue des Terres au curé, dans le XIIIe arrondissement. Sous la plaque de rue collée contre un baraquement précaire, deux enfants remplissent un seau d’eau. Le gamin appuie sur la pompe. La gamine est courbée, maintient l’anse du seau en ferraille. Lui, malicieux, en souliers, manteau noir par-dessus la culotte courte, béret au crâne. Elle, en chaussons, chaussettes remontées, à hauteur des genoux, presque à hauteur de sa blouse grise. Méli-mélo de planches, de ciment, d’acier, et la petite misère plaquée contre l’humidité.
Ailleurs encore. Une femme debout dans un couloir de métro. La tête enfoncée dans