Entretien avec René Revol : « Gagner à gauche la région de Frêche »

En Languedoc-Roussillon, toute l’autre gauche se présente unie. Un rassemblement exemplaire, que nous présente René Revol, maire (PG) de Grabels, qui conduira cette liste.

Michel Soudais  • 14 janvier 2010 abonné·es
Entretien avec René Revol : « Gagner à gauche la région de Frêche »

Politis : Pourquoi ce rassemblement qui n’a été possible dans aucune région a-t-il vu le jour en Languedoc-Rousssillon ?

René Revol : Il y a dans cette région une tendance historique à l’unité. Pour la campagne du « non » au TCE, nous avions une organisation collective et, à la base, des militants très mobilisés qui se sont retrouvés dans les collectifs antilibéraux et beaucoup de luttes où celui qui faisait bande à part était mal vu.

C’est une pression populaire ?

Oui. Après les européennes, le Front de gauche s’est adressé au NPA, bien sûr, et à toutes les sensibilités de la gauche de transformation sociale. Cela nous a permis d’évacuer les divergences éventuelles. Et puis nous sommes dans une région où la décomposition politique et morale de la gauche d’accompagnement prend la forme de Georges Frêche. Tout un électorat de gauche est à la recherche d’une gauche unitaire.
Outre les composantes habituelles (NPA, PCF, PG, GU, Alternatifs, la Fédération, Objecteurs de croissance et M’Pep), cet impératif d’unité a conduit des personnalités du mouvement social et des mobilisations citoyennes à s’engager sur cette liste. Nous faisons également une place à des personnalités qui viennent de la mouvance socialiste et se retrouvent dans notre démarche. Cela concourt à nous faire apparaître comme « la » liste de gauche face à la liste de Georges Frêche. Avec, par ailleurs, Europe écologie à nos côtés.

Sur quoi s’est fait l’accord ?

On a traité les choses en trois temps : l’accord programmatique, la perspective stratégique, puis la répartition des places. À l’examen des programmes de toutes les composantes, il y avait beaucoup de points communs et pas de divergences ­programmatiques. Sur les questions nationales, d’abord, puisque cette élection sera notamment l’occasion de dire non à la prochaine réforme des retraites à partir d’une défense du système de retraite par répartition, et de dire non à la réforme territoriale pour la défense de la démocratie communale.

Sur les questions régionales, un de nos axes essentiels est la gratuité des TER pour les gens qui travaillent. Nous poursuivrons la gratuité pour les lycées et voulons développer un service de formation professionnelle public en liaison avec l’économie sociale et solidaire, car nous refusons la mise en concurrence envisagée dans ce secteur par la loi Borloo et les directives européennes. Les recettes de la région sont importantes : plutôt que de distribuer à l’aveugle des subventions aux entreprises capitalistes qui ensuite délocalisent, nous prônons une politique de relocalisation des activités sur la base de projets qui puissent préserver l’emploi, utiliser les savoirs et savoir-faire qui existent, et dynamiser l’économie locale.
Enfin, tout cela débouche sur une exigence de « démocratie active » qui tranche avec l’autoritarisme actuel : nous voulons consulter les associations, soumettre les grands projets structurants au vote des citoyens, et procéder autrement dans tous les secteurs qui sont de la compétence de la région. Cela peut passer par une désobéissance civique aux lois qui nous empêcheraient de faire ce qu’on veut. Il ne faut pas le faire sur tout, mais sur certains points nous prendrons l’initiative de nous opposer aux lois qui mettent des secteurs en concurrence et en appellerons à toutes les régions.

Et sur la question stratégique du second tour ?

Nous sommes tous tombés d’accord pour dire que nous ne pourrions pas fusionner avec Georges Frêche ; il a franchi la ligne jaune qui sépare les gens de gauche des gens de droite. À partir de là, les écologistes d’Europe écologie et notre liste avons annoncé publiquement que nous fusionnerons avec la liste de nous deux arrivée en tête et que nous sommes candidats à la direction de la région. L’objectif est de nous battre pour gagner la région, seule manière de la garder à gauche. En la gagnant à gauche.

Politique
Temps de lecture : 3 minutes

Pour aller plus loin…

Budget : le cadeau d’un milliard d’euros du gouvernement au patronat
Budget 4 novembre 2025 abonné·es

Budget : le cadeau d’un milliard d’euros du gouvernement au patronat

En proposant, une nouvelle fois, de fixer à 1,6 milliard d’euros le transfert de la branche accident du travail/maladie professionnelle (AT-MP) à la branche générale de la Sécu, le gouvernement offre un discret mais très coûteux cadeau au patronat… au détriment de la collectivité.
Par Pierre Jequier-Zalc
« Ce n’est pas le ‘grand soir’, mais nous voulons changer la vie des gens »
Entretien 4 novembre 2025 abonné·es

« Ce n’est pas le ‘grand soir’, mais nous voulons changer la vie des gens »

La députée Sandrine Runel défend la ligne des socialistes sur le budget de la Sécu, affirme vouloir continuer de négocier avec le gouvernement et attaque les « postures » des insoumis.
Par Lucas Sarafian
Sécurité sociale : le musée des horreurs du gouvernement
Austérité 4 novembre 2025

Sécurité sociale : le musée des horreurs du gouvernement

Si le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a été rejeté en commission des Affaires sociales, les débats en séance pourraient ressusciter certaines mesures éruptives. Attention, la troisième va vous surprendre !
Par Lucas Sarafian
Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »
Entretien 30 octobre 2025

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »

Maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux et coresponsable du département d’économie de l’Institut La Boétie, Éric Berr pointe la nécessité de la taxe Zucman et les limites de la version allégée par le Parti socialiste.
Par Lucas Sarafian