À quelques exceptions près…

La gauche et les écologistes se présenteront unis au deuxième tour des régionales, excepté en Bretagne, en Picardie et dans le Limousin.

Michel Soudais  • 18 mars 2010 abonné·es

Après un lundi de négociations à l’issue confuse, le PS, les Verts et le Front de Gauche étaient mardi en passe de parvenir à un accord général en vue d’une fusion de leurs listes pour le deuxième tour des régionales, à quelques régions près, pour confirmer l’élan du 14 mars. Les négociations dans les régions ont été suivies de près à Paris, où les trois secrétaires nationales Martine Aubry, Cécile Duflot et Marie-George Buffet ont été constamment en contact. À six heures du coup de gong du dépôt des listes en préfecture, trois régions au moins posaient encore problème : Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais, Aquitaine.

La fusion entre socialistes et écologistes se fera partout, sauf en Bretagne, où il y aura donc une triangulaire (PS, 37,19 % ; Europe Écologie, 12,21 % ; UMP 23,73 %), et en Picardie, où le PS déposait sa liste, seul, sans le Front de gaughe, mardi à 15 heures. Selon Guy Hascoët, tête de liste Europe Écologie, « les socialistes ont refusé de suivre les règles de répartition des postes appliquées ailleurs en France. De manière arbitraire, Jean-Yves Le Drian a changé les règles » .

En Île-de-France, l’accord PS-Europe Écologie-Front de gauche a été officialisé vers midi par Jean-Paul Huchon, président PS sortant, aux côtés des têtes de liste Cécile Duflot (Europe Écologie) et Pierre Laurent (Front de gauche). Les Verts franciliens passeraient de 28 à une cinquantaine de conseillers régionaux et obtiendraient cinq vice-présidences.
Lundi soir, un « accord national » avait été successivement annoncé par PS et Europe Écologie, puis démenti aussitôt par Jean-Vincent Placé, numéro deux des Verts. Un couac dû, semble-t-il, à une mauvaise compréhension entre Verts, apaisé dans la nuit. Mais qui pourrait aussi bien préfigurer des débats non encore tranchés, certains au PS et chez les écolos voulant d’ores et déjà faire de cette négociation menée dans l’urgence le socle d’un accord pour… 2012.

Les négociations entre PS et Front de gauche, qui avaient repris mardi matin, étaient aussi en voie de finalisation. Avec là aussi au moins une triangulaire. Dans le Limousin, le président sortant Jean-Paul Denanot, qui a obtenu 38,06 % au premier tour, n’a pu faire accord avec la liste d’alliance PCF-Parti de gauche-NPA conduite par Christian Audouin (PCF), qui a rassemblé 13,13 % des suffrages. Là, le blocage s’est fait sur les militants du NPA, que les socialistes ont refusé d’intégrer sur les listes. « C’est le problème du NPA. On ne peut pas à la fois attaquer le Parti socialiste au niveau national et en même temps vouloir être sur une liste avec le Parti socialiste » , a expliqué Jean-Christophe Cambadélis.
Une triangulaire se profilait dans le Nord-Pas-de-Calais, où, lundi soir, le communiste Alain Bocquet avait constaté une absence d’accord. Mais dans cette région, fief de la maire de Lille, le désaccord était, mardi midi « en cours de règlement » , selon Éric Coquerel, négociateur pour le Front de gauche. En 2004, les listes PS et PCF avaient fusionné entre les deux tours, mais les communistes avaient repris leur indépendance dès le lendemain du vote, refusant de participer à la majorité régionale PS-Verts. Ne voulant pas revivre cette situation, les socialistes exigeaient, en contrepartie d’une fusion de liste, une discipline de vote au sein de la future majorité, refusé par Alain Bocquet, qui ne veut pas être « enfermé dans un contrat ».

Même si ça bute en Limousin et dans le Nord, « il ne faut pas que deux régions cachent la forêt des accords », commentait le porte-parole du PS, Benoît Hamon. Quelle que soit au final son épaisseur, la forêt des accords ne peut masquer la catastrophe où l’absurde stratégie de la direction du PS a conduit la gauche en Languedoc-Roussillon. Sa décision tardive d’investir Hélène Mandroux contre Georges Frêche « a brouillé les cartes, et permis une opération de victimisation de la part du président sortant », déplorent René Revol, François Liberti et David Hermet, qui conduisaient la liste À gauche maintenant !

Résultat : aucune des trois listes de gauche alternatives à Georges Frêche n’a atteint la barre des 10 % qui lui aurait permis de se maintenir. Rétrospectivement, l’entêtement de Solferino à vouloir que les écologistes et l’autre gauche se rangent derrière la maire de Montpellier paraît d’autant plus incompréhensible que celle-ci, avec 7,74 %, termine derrière Jean-Louis Roumégas (Europe Écologie, 9,12 %) et René Revol (8,59 %).

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Deuxième tour : et maintenant le KO ?
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