La gauche ou le MoDem

Le Front de gauche veut obtenir assez de suffrages pour empêcher toute alliance du Parti socialiste avec le centre.

Michel Soudais  • 11 mars 2010 abonné·es

Le MoDem a beau chuter dans les sondages, le PS continue de caresser la perspective d’une alliance avec les « démocrates et humanistes » , comme il est désormais convenu d’appeler les partisans de François Bayrou, rue de Solferino. Le 23 février, dix-huit responsables socialistes partisans d’un tel rapprochement défendaient dans Libération l’idée que « les régionales doivent être le banc d’essai de cette convergence » . Parmi eux, quatre présidents de région : Jacques Auxiette (Pays-de-Loire), Jean-Yves Le Drian (Bretagne), Jean-Pierre Masseret (Lorraine) et Jean-Jack Queyranne (Rhône-Alpes).

Abondant dans le même sens, Martine Aubry rappelait dans Paris-Match, la semaine dernière, la « position extrêmement claire » prise par son bureau national : « Rassembler d’abord la gauche. Et ensuite nous ouvrir aux démocrates et aux humanistes dès lors que leurs alliances sont claires, c’est-à-dire qu’ils ne vont pas d’un côté et de l’autre, et qu’ils adhèrent à notre projet commun. »

Une perspective catégoriquement rejetée par le Front de gauche. C’est Bayrou ou nous, ont annoncé sans détours les listes Ensemble à gauche, qui rassemblent le PCF, le Parti de gauche, la Gauche unitaire et des formations de l’autre gauche dans une proportion variable suivant les régions. « Le MoDem, c’est la droite, restons à gauche, réclame Marie-George Buffet. Pour une vraie politique de gauche, on n’a pas besoin du MoDem. »
« En constituant des listes autonomes dans tout le pays, nous avons déjà enrayé la marche du PS vers l’alliance au centre », se félicite François Delapierre, en rappelant que les socialistes voulaient des listes d’union de la gauche au premier tour pour mieux les élargir vers le MoDem au second. Le délégué général du Parti de gauche appelle à «  finir le travail » .

Passer devant le MoDem est ainsi devenu un « objectif politique » , explique Jean-Luc Mélenchon, pour qui le PS est en passe d’adopter l’idée qui a prévalu dans la social-démocratie européenne : faire une politique vers le centre et le prouver en s’alliant avec lui. « Cette politique a toujours tourné au désastre » , avertit-il. « Afin de l’empêcher, je veux que le Front de gauche soit tellement fort que les socialistes soient obligés de se dire : c’est avec eux qu’on s’allie et pas avec le centre. »

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