Le sarkozysme en crise

Michel Soudais  • 25 mars 2010 abonné·es
Le sarkozysme en crise
© PHOTO : BUREAU/AFP

Comme le PS en 2007, l’UMP était quasi certaine de faire mieux que la fois précédente. Puisqu’en 2004 la droite avait pratiquement tout perdu, cette année, le chef de l’État pensait que sa « majorité » ne pouvait que gagner… Non seulement l’UMP ne récupère aucune des régions métropolitaines passées à gauche en 2004, mais son score national est l’un des plus mauvais jamais enregistré par la droite.
Cette sanction électorale est avant tout celle du sarkozysme, qui n’a jamais été une pensée politique mais une pratique du pouvoir faite de promesses non tenues. La « rupture » devait remobiliser un pays assoupi après le règne du « roi fainéant » Jacques Chirac ; le résultat est une abstention record, symptomatique d’une défiance envers la politique qui confine à l’écœurement.

Nicolas Sarkozy devait rassembler toutes les forces de la droite en une machine de guerre unique, efficace et conquérante ; l’union de Villiers à Bockel n’a rien conquis du tout et surtout pas les électeurs. Sa politique d’ouverture devait déstabiliser le Parti socialiste ; celui-ci, allégé de quelques opportunistes, a rarement été en si bonne forme, ce qu’il doit moins à ses mérites qu’au rejet de Sarkozy. Lequel avait aussi promis de libérer son camp de l’hypothèque Front national qui lui a tant fait perdre de régions et de circonscriptions dans le passé ; le pseudo-débat sur « l’identité nationale » et l’instrumentalisation des questions sécuritaires ont offert au lepénisme une seconde jeunesse. Il devait capter à son profit les aspirations écologiques avec le « Grenelle de l’environnement » ; les écologistes y ont gagné une crédibilité nouvelle qu’ils ont remarquablement fait fructifier…
Face à tant d’échecs cumulés, la suprématie de Nicolas Sarkozy sur sa famille est écornée. La « culture du résultat », qu’il vantait être sienne, devrait le conduire à remettre son mandat en jeu. Il n’en est rien. Même nu, le roi reste en place et veut garder le cap d’un sarkozysme désormais en crise.

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