Médias : jusqu’où peut aller la télévision ?

Depuis une dizaine d’années, la télé-réalité s’est installée dans le paysage audiovisuel français.
Sous la houlette de Christophe Nick, deux documentaires se penchent sur ses effets sur la société. Le service public joue-t-il suffisamment son rôle de contrepoids aux excès des chaînes commerciales ?

Jean-Claude Renard  • 11 mars 2010 abonné·es
Médias : jusqu’où peut aller  la télévision ?
© PHOTO : C. RUSSEIL

Elle est l’objet le plus familier dans chaque foyer. Un objet que l’on regarde, en moyenne, 3 h 30 par jour. Soit quatorze années d’une vie entière. Non sans conséquences quand nombre de programmes, depuis près de dix ans, proposent des émissions de télé-réalité attirant les spectateurs par millions. En 2001, « Loft Story » remplissait le petit écran avec succès. D’autres « divertissements » du même tonneau lui ont emboîté le pas, déclinant le voyeurisme, la souffrance, l’élimination, l’humiliation, la soumission. Aujourd’hui, l’heure est à la surenchère, entre trash, violence psychologique et sexuelle, torture, obscénité. On peut envisager le pire. La mort en direct est devenue une hypothèse plausible. Le pire n’est jamais bien loin dans la télé-réalité, jamais avare d’abus, de transgressions. Jusqu’où va la télévision ? C’est la question que pose Christophe Nick, auteur, réalisateur et producteur, à travers un documentaire en deux volets, le Jeu de la mort et le Temps de cerveau disponible , diffusés les 17 et 18 mars, sur France 2.

Dans le premier, Christophe Nick recrée les conditions d’un jeu dont la cruauté est poussée à l’extrême. De quoi mesurer le pouvoir de la télévision, le taux d’obéissance et de désobéissance. Dans le second volet, il revient sur la chronologie du divertissement ces trente dernières années, de l’indécence à l’abject. Il analyse les conséquences de la privatisation des plus grandes chaînes et le rapport au téléspectateur (ciblé, manipulé, devenu consommateur). Pointant les dérives des antennes commerciales que sont TF1 et M6 (et à l’étranger), ce diptyque documentaire interpelle parallèlement le service public, sa responsabilité culturelle et sociale. Une responsabilité cruciale, assurément. D’autant que « depuis les premiers jours de la télé, dit Christophe Nick, tous les professionnels savent qu’elle modèle les comportements ! » Ce n’est pourtant que de la télévision. Et pourtant…

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