Sélection TV/Radio

Jean-Claude Renard  • 18 mars 2010 abonné·es

TÉLÉVISION

Dimanche 21 mars

Nana

France 3, 23 h 45

Une adaptation du roman de Zola, par Henri Jeanson et Christian-Jaque, tournée en 1955 et portée par une brochette de comédiens. Avec Charles Boyer, Martine Carol dans le rôle de la cocotte pulpeuse, Noël Roquevert, Paul Frankeur et Dora Doll.

Scènes de chasse au sanglier

Arte, 23 h 50

Une méditation sur l’image, le deuil et « le bruit des choses », à travers une chasse au sanglier, le savoir-faire d’un taxidermiste, une reproduction fidèle au fusil chronophotographique d’Étienne-Jules Marey et la mort du père. Un voyage intimiste dans lequel Claudio Pazienza s’interroge sur les images « à quitter » et celles à « inventer ».

Lundi 22 mars

Le Salaire de la peur

Arte, 20 h 35

Après la Vérité , suite du cycle consacré à Henri-Georges Clouzot, avec un suspense chargé de nitroglycérine sur les routes incertaines de l’Amérique centrale. Anecdote de taille : le film a été tourné en France, en 1952, en partie dans l’ancien camp de Saliers, près d’Arles, là où plusieurs centaines de Roms avaient été internés par le régime de Vichy en 1942. Suite du cycle lundi 29 mars, avec les Diaboliques.

Mardi 23 mars

Brève Rencontre

France 2, 0 h 40

Un classique du film romantique, de David Lean, réalisé en 1946, avec Celia Johnson et Trevor Howard, récit d’un amour interdit, déchirant, dans lequel la morale, la fidélité et l’institution du mariage finissent par l’emporter sur les sentiments. La bonne conscience américaine, au sortir de la guerre, récompensée par le Grand Prix du premier Festival de Cannes.

Jeudi 25 mars

Street art

Arte, 22 h 25

Pochoirs, graffs, posters, stickers, installations. Art de la rébellion issu de la pratique des graffitis, le street art s’est invité par effraction dans l’espace urbain. Sur les murs, les portes, les trottoirs… Benjamin Cantu et Anne Bürger proposent une visite guidée de Paris à New York, de Berlin à Moscou. Où l’on observe un art provocateur qui force à regarder de plus près un environnement sous domination commerciale, dont il détourne les codes. Autant d’œuvres éphémères, exposées à la destruction par l’autorité publique, et à la convoitise des amateurs et des spéculateurs. Parce que, même rebelle, le street art n’échappe pas tout à fait à la commercialisation, voire à la starisation. Le pochoiriste parisien Blek le rat en donne un exemple, entraînant les réalisateurs vers sa prochaine exposition à New York. Une reconnaissance artistique indéniable tandis que les autorités de Moscou ont adopté une politique répressive à l’égard de ces pratiques. La plupart des œuvres ont une durée de vie d’une à deux heures.

Vendredi 26 mars

Birmanie : résistants, business et nucléaire

Canal +, 22 h 25

Près de trois ans après la révolution de safran, réprimée violemment par les militaires, Paul Moreira dresse un état des lieux de la situation en Birmanie. Avec un long et édifiant reportage en plusieurs volets, s’appuyant sur des images d’archives, d’autres actuelles et des témoignages, pour beaucoup anonymes. Le réalisateur brosse ainsi le portrait de la résistance à l’intérieur du pays (celle-là qui lui permet d’avancer dans son enquête) et celle qui s’organise à l’extérieur au sein de différentes ONG, telle Earth Rights. Dans tous les cas, c’est une lutte pour informer. Informer dans l’un des pays les plus fermés et surveillés au monde, où chaque image qui circule est volée. Malgré tout, les militaires, désireux d’ouvrir le pays au tourisme, parviennent difficilement à contrôler les cybercafés et, chaque jour, des secrets d’État parviennent à l’opposition en exil. Les télécommunications sous surveillance sont donc devenues un enjeu majeur pour le pouvoir.

Autre volet, celui des entreprises occidentales « respectables » qui, d’une façon ou d’une autre, favorisent la dictature alors qu’elle est théoriquement frappée de sanctions et boycottée par la communauté internationale. Ainsi Alcatel, qui travaille pour le régime birman à la sécurisation des télécommunications. Ainsi le Français Total et l’Américain Chevron exploitant le gaz birman. Un gaz qui a rapporté en 2008 plus de 700 millions de dollars, détournés à 99 % par la junte, et dont les comptes off shore à Singapour, paradis fiscal, seraient les dépositaires. Enfin, souligne Paul Moreira, les échanges avec la Corée du Nord laissent supposer la mise en place d’un arsenal nucléaire clandestin, financé précisément par l’argent du gaz, qui consoliderait la puissance militaire et assurerait sa mainmise sur le pouvoir. Pour la résistance birmane, il y a urgence. Tandis que Aung San Suu Kyi est toujours assignée à domicile.

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