C’est dur, la tendresse

Une belle pièce de Carole Thibaut sur les malentendus de l’amour.

Gilles Costaz  • 15 avril 2010 abonné·es

Tantôt ironique, sur l’image de la femme aujourd’hui, tantôt douloureuse, quand elle parle de l’enfance, Carole Thibaut est l’une des voix les plus brûlantes du jeune théâtre. Elle met aujourd’hui en scène sa propre pièce, Été , un court texte qui pourrait se raconter comme une nouvelle. Un couple passe des vacances au bord de la mer. L’homme et la femme ont un bébé. Ils s’aiment sans se comprendre. Elle lui exprime son amour en lui disant qu’il est très gentil. Lui déteste qu’on lui dise qu’il est gentil ! Ainsi passent les jours, avec des gestes de tendresse qui font mal.

Le mari, un jour, s’absente pour son travail, dit-il. Va-t-il travailler ou rejoindre une autre femme ? On ne sait. Mais la vacance qui se produit permet à la jeune femme de rencontrer une vacancière qui est tout le contraire d’elle et avec laquelle elle va partager un fugace moment d’amitié. L’inconnue est photographe. Entre elles aussi le langage achoppe, mais elles vont se comprendre et être délicatement changées au fond d’elles-mêmes. Jusqu’à ce que le mari revienne et que la vie reprenne, souterrainement modifiée.

La mise en scène de Carole Thibaut a la finesse mi-douce et mi-cruelle du texte. Isabelle Andréani, Sophie Daull et Jacques Decorde sont les interprètes parfaits de ce beau moment où premiers plans et arrière-plans ont la même force.

Culture
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