Le mois de Marx

Howard Zinn ressuscite l’auteur du Capital, qui se penche sur notre époque.

Gilles Costaz  • 29 avril 2010 abonné·es

L’idée est un peu facile mais sympathique : l’auteur américain Howard Zinn imagine, dans Karl Marx, le retour , que l’auteur du Capital ressuscite et donne son point de vue sur l’histoire de ces dernières décennies. Il n’approuve en rien les régimes communistes qui, en son nom, ont instauré un système dictatorial et meurtrier. Mais il continue à dénoncer le capitalisme et à espérer que les terriens vont relire ses textes et mettre en place une société égalitaire et généreuse. Il parle des petites et des grandes choses, ce revenant barbu. De sa vie personnelle de mari et de père de famille. De la misère qu’il a connue. Des débats enflammés que lui et Engels ont menés face à leurs adversaires politiques. De la Commune de Paris qui fut, pour lui, le seul moment où le socialisme cessa d’être une utopie, et des Versaillais qui ont mis fin dans le sang à cette révolution authentique…

Qu’un Américain s’amuse à faire parler Marx est plaisant. Zinn, qui fut autant historien des mouvements sociaux qu’auteur de théâtre, est mort au début de cette année. Il a trouvé en Christian Frégnet un metteur en scène convaincu que ce monologue valait bien un peu de malice autour d’une malle comme seul décor pour l’odyssée d’un fantôme. Émile Salvador, chenu, en frac fatigué, est un Marx attachant, plus candide qu’empreint de gravité, plus joyeux que ténébreux. Par les temps qui courent, c’est d’une naïveté réconfortante.

Culture
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