Courrier des lecteurs 1107

Politis  • 17 juin 2010 abonné·es

À nos abonnés
À la suite d’un problème informatique, les prélèvements automatiques se feront le 22 juin au lieu du 10.
Avec nos excuses.


En ce mois de juin, des marches des fiertés ont lieu dans différentes villes de France et d’Europe pour réclamer l’égalité des droits entre hétéros et homosexuels. Malheureusement pour nous, lesbiennes, gays, bi et trans, la période n’est pas très propice à cette amélioration ; si quelques pays européens ont légiféré sur le mariage et l’adoption, d’autres sont encore à penser que donner des droits aux LGBT serait une menace pour l’humanité et la cellule familiale.
Régulièrement, dans ce beau pays des Droits de l’homme et en paix civile, des agressions verbales et physiques ont lieu, pas seulement du fait de l’extrême droite. Et les discours et petites phrases du pape Benoît XVI et de ses acolytes n’arrangent rien. En réponse à cela, des kiss-in ont lieu épisodiquement ou à des dates importantes.
Défilons toutes et tous ensemble et dans la diversité pour une société « mélangée » acceptée par tous !

Bertrand Decroix, Houilles (78)


Ah non, vous n’allez pas vous mettre, vous aussi, à culpabiliser les consommateurs au nom de l’écologie ! Car sont-ils les principaux responsables ? Les entreprises, commerciales comme industrielles, et les pouvoirs politiques ne devraient-ils pas agir les premiers ?
La rubrique « Le geste utile » devrait être complétée par un sujet proche impliquant une entreprise, un secteur économique ou les pouvoirs politiques.

Par exemple, en regard de votre article sur les piles rechargeables, vous auriez pu interpeller les industriels sur tous ces chargeurs de batteries de téléphones portables, appareils photo et autres objets divers (et nombreux), qui ne sont pas standardisés, si bien que les consommateurs ne peuvent faire autrement que les acheter par centaines de millions avec ces appareils. Combien d’entre nous possèdent plusieurs de ces chargeurs, alors qu’un seul suffirait s’ils étaient standards ? Et que faire de ces chargeurs devenus inutiles si l’on change d’appareil ? Quel gâchis ! Pourquoi les industriels ne fabriquent-ils pas des chargeurs standards, vendus séparément ? Cela permettrait d’éviter la fabrication de centaines de millions de chargeurs inutiles. Et les pouvoirs politiques, ne pourraient-ils pas contraindre les industriels à éviter ce gaspillage ? […]
Que font les gouvernements, et particulièrement le nôtre ? Qui favorisent-ils ? Les consommateurs ou les profits des producteurs industriels ?
Et pour l’avenir, que font-ils ?

On pourrait, par exemple, se demander pourquoi le consommateur ne peut rouler autrement qu’avec des voitures fonctionnant au pétrole, hormis quelques véhicules hybrides. Les constructeurs vont nous proposer la voiture électrique, mais d’où viendra l’électricité, sinon du pétrole et du nucléaire ? Et pourquoi ne font-ils aucune recherche sur la voiture solaire, la seule réellement non polluante ? À ma connaissance, seuls quelques élèves d’écoles d’ingénieurs s’y sont attelés et ont construit des prototypes. Et les gouvernements ne font rien pour pousser la recherche dans cette direction.

D’autres choses, petites et grandes, sont à explorer. Ayez des idées, lancez des pistes, soyez percutants, et de grâce visez les vrais responsables des méfaits environnementaux, sociaux et économiques. Car s’il est vrai que les comportements et les petits gestes individuels peuvent compter, et sont nécessaires, les décisions ou l’inaction des chefs d’entreprise et des responsables politiques sont autrement plus importantes.

Luc de Sainte-Marie, Argenteuil (95)


En dehors des positions théoriques et pratiques de DSK sur l’économie libérale, qui me font douter de la santé mentale des gens du PS qui le considèrent
– tout au moins certains – de gauche, il y a ses positions vis-à-vis du Moyen-Orient. On connaît sa fameuse phrase jamais démentie : « Tous les matins, quand je me lève, je me demande ce que je peux faire pour Israël. » Il y a le meeting à la porte de Versailles, où, à côté de Netanyahou chaleureusement accueilli par lui, il lança sa « fatwa » contre le si modéré Pascal Boniface, coupable d’avoir fait remarquer au PS que les positions de ce parti étaient trop unilatérales (cf. Jospin). Il y a sa présence (un des rares dans la rue) avec Anne Sinclair aux côtés de la Ligue de défense juive à une manifestation autour de Jussieu.
Pourquoi ce silence sur cet aspect du personnage ? Ferait-il peur ?

Marcel-Francis Kahn, Paris


Dans l’entretien que Jacqueline Fraysse a accordé à Politis dans le n° 1105, elle dit : « En même temps émergent, notamment hors des partis, des forces qui mettent en cause cette société. Des forces qu’il est urgent et impératif de rassembler sur des bases communes  […] »
« Urgent et impératif », vraiment ?
Je pense, en tant qu’alter ékolo, que nous avons une vision de la politique un peu différente. Pour schématiser, la divergence entre les « léninistes » et les « libertaires » qui existaient au CIUN (collectif national d’initiative unitaire lancé en mai 2006), campagne dont Jacqueline Fraysse parle pour critiquer aujourd’hui l’attitude du PCF alors, se retrouve encore quand on observe les mouvements qui s’opèrent.

Avons-nous besoin que de bonnes âmes plus ou moins médiatiques s’efforcent de nous organiser ? Que vas-tu faire, Jacqueline ? Courir après les vélorutionnaires, participer à l’alter-tour, te battre contre la tour Phare à La Défense, infiltrer les amapiens, embarquer avec Sea Sheperd , etc. Pour « organiser » tous ces gens ? Pour que tous ces activistes renforcent le PG contre le PC dans le Front de gauche (FG) ? Ou bien construisent un troisième pôle au FG pour construire un quatrième pôle (si je compte bien) à l’échelle au-dessus ?

Avec un des autres pôles, les Verts/Europe Écologie, même problème. Ils appellent les écolos (dont nombreux en étaient partis) à les rejoindre. Pour les « organiser » ? Pour que ces écolos arbitrent dans la bataille des mâles DCB vs JVP ?

Le problème n’est pas tellement de savoir quelle étiquette coller ou ne pas coller sur les Verts-Europe Écologie, la Fase, le FG, à savoir s’ils sont moins ou plus écolos, moins ou plus radicaux, moins ou plus libéraux, moins ou plus écoblanchisseurs entre eux ou qu’avant. Le problème a trait au mode d’organisation politique. Par exemple, le mouvement de centralisation et de pipolisation s’est enclenché chez les Verts bien avant qu’on parle d’Europe Écologie. Ce sont deux échecs successifs à mettre en place une réforme des statuts qui ont renforcé une forme de concentration des pouvoirs. Et côté Europe Écologie, on ne sait jamais qui sont ces « personnalités » qui parlent au nom de… qui ?

Mais il est certain que le collectif les encombre : c’est bien plus facile de prendre des décisions à deux ou trois…
Or, en démocratie, il n’y a pas de raccourci qui tienne. Chaque raccourci ne fait que faire perdre du temps. Ce qui est nécessaire, c’est susciter des dissensus, organiser le débat, et construire du consensus, tout en menant les actions qui doivent être menées.
Je résume… Nous avons raison de préférer les organisations à appartenance faible. Nous avons raison de nous méfier de la concentration du pouvoir, qui est d’ailleurs l’exact opposé de la démocratie. Alors, pitié, cessez de vouloir nous organiser.
Pour autant, que faisons-nous ?
Dans nos débats, il est question de résistance vs résilience, de persévérance… La résistance, c’est opposer une force à une autre pour l’annuler. La résilience, c’est la capacité à se développer malgré les chocs et les traumatismes ; ce serait se développer, en « divergeant » de ce qu’est notre adversaire. […]

Alors, une demande à ceux et à celles qui veulent nous organiser : commencez vous-même par résister au sein des institutions dans lesquelles vous êtes élus ; et ne nous collez pas une institution-parti de plus, un étouffoir de plus empêchant de construire du nouveau. Et à ceux et à celles qui ont la tentation de vouloir être organisés : ne laissez pas aux élus, même – surtout ? – de votre propre camp, la responsabilité d’organiser pour vous la société. Résistez, mais éprouvez aussi votre résilience. Soyez des lanceurs et lanceuses d’alerte, des activistes là où vous êtes, et ne cessez jamais d’inventer du nouveau.

Jérôme Desquilbet

Courrier des lecteurs
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