Laurent fait l’étape

La succession de Marie-George Buffet est déjà jouée, mais le Front de gauche fait débat.

Michel Soudais  • 17 juin 2010 abonné·es

Le 35e congrès du PCF, qui s’ouvre vendredi à La Défense, paraît dénué d’enjeux. La direction elle-même en a accrédité l’idée en convoquant un « congrès d’étape » , expression qui a suscité interrogations et démobilisation des militants. En l’absence de renouvellement des instances dirigeantes du parti, le seul objectif de ce congrès semble être de désigner un successeur à Marie-George Buffet. Or, sauf surprise de dernière minute, Pierre Laurent devrait être désigné secrétaire national, dimanche.

Timide et peu charismatique, cet ex-directeur de la rédaction de l’Humanité, âgé de 52 ans, a grandi dans l’appareil – son père, Paul, était une figure du PCF à l’époque de Georges Marchais ; son frère Michel a été responsable de la vie du Parti – avant que Mme Buffet ne le désigne comme son dauphin en le nommant coordinateur national de la direction collégiale mise en place autour d’elle au congrès de décembre 2008. Et l’impose comme tête de liste du Front de gauche aux régionales en Île-de-France. Face à cette candidature, un seul postulant s’est déclaré : l’eurodéputé Jacky Hénin, ex-maire de Calais, souhaite « créer un débat » sur le choix du futur secrétaire national et la poursuite de la stratégie du Front de gauche.
Cette stratégie focalise en effet l’essentiel des débats. Après le départ collectif de 200 « communistes unitaires », dont les députés Patrick Braouezec et François Asensi, ou l’historien Roger Martelli, qui regrettent notamment que le Front de gauche ne soit qu’un « tête-à-tête » entre le PCF et le Parti de gauche (PG), les courants identitaires et orthodoxes donnent de la voix. Ils déplorent une stratégie qui conduit à « l’effacement du PCF » et dénoncent l’éventuelle candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, « déjà placé dans l’orbite de 2012 ». Ainsi, alors que Mme Buffet et M. Mélenchon se sont mis d’accord le 9 juin pour lancer un « programme partagé » pour 2012, plus de 700 communistes de 60 fédérations, dont plusieurs membres du conseil national, ont signé un texte alternatif à la direction, pour « une candidature du PCF ».

Au sein de l’exécutif, certains redoutent qu’un « syndicat de tous les mécontents du Front de gauche » se mette en place avec notamment André Gerin, le député du Rhône, qui déplore « la vente aux enchères du PCF » l’année de son 90e anniversaire, ou encore Daniel Cirera (ex-huiste), qui critique un « enfermement » du PCF dans la gauche de la gauche. Face à une telle coalition, Pierre Laurent aura-t-il l’autorité nécessaire ?

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