Simplement l’égalité des droits
dans l’hebdo N° 1108 Acheter ce numéro
Toutes les études sérieuses s’accordent sur le sujet : les enfants adoptés et élevés par des couples de même sexe ne montrent pas plus de troubles que les enfants d’hétérosexuels, adoptés ou non. Aussi, l’argument sans cesse ressassé par les tenants conservateurs d’une prétendue famille traditionnelle, arguant qu’un enfant aurait obligatoirement « besoin » d’un père « et » d’une mère, ne tient pas. Il est même faux.
Une fois dressé ce constat, au nom de quoi continuer de refuser aux couples homosexuels l’égalité des droits en matière d’adoption avec les autres couples ? Il serait temps que la France se décide enfin à leur accorder officiellement cette possibilité, au lieu de les laisser dans une zone de non-droit, soumis au bon vouloir des présidents de conseils généraux, qui disposent, dans chacun des départements, du pouvoir de donner l’agrément nécessaire – après enquête des services sociaux – aux couples pour adopter. Une situation qui oblige le plus souvent les couples de même sexe à dissimuler leur choix de vie et à se voir régulièrement refuser ledit agrément au nom d’une morale réactionnaire et de préjugés encore trop bien ancrés dans les mentalités de nos élus locaux. Pourtant, nombre de nos voisins européens et d’États dans le monde ont déjà reconnu ce droit aux couples de même sexe, et même récemment les très catholiques Brésil, Espagne et Portugal…
Certes, la France a bien été condamnée en 2008 par la Cour européenne de Strasbourg à reconnaître ce droit à une femme homosexuelle vivant en couple (quoique officiellement « célibataire »), mais il ne s’agit en aucun cas d’une véritable reconnaissance d’un droit à l’adoption donnée aux couples de même sexe en tant que tels. Comme le rappelle Éric Fassin, il s’agit d’une question hautement politique, puisque ouvrir la filiation à ces couples, « c’est renoncer à la fonder en nature » . Or, à la veille de la Gay Pride parisienne du 26 juin – qui le demande expressément –, nous affirmons que la France doit accéder à cette importante revendication des associations gaies et lesbiennes. Tout comme à celle du mariage. Et d’ici là, comme le dit Éric Fassin, « ce pourrait être un beau programme de gauche »…