Gamins abandonnés

Les professionnels ont tenu leurs assises dans un contexte sécuritaire et de réduction budgétaire.

Pauline Graulle  • 8 juillet 2010 abonné·es

«Nous avons le devoir de résister et de ­com­battre ! » , a lancé à la tribune Michel Dinet, ­président du conseil général de Meurthe-et-Moselle. Le ton des 4es Assises de la protection de l’enfance était donné. Car c’est bien la souffrance des professionnels qui a occupé les esprits, les 28 et 29 juin au palais du Pharo de Marseille.
Quelque 1500 travailleurs de ce secteur ont écouté des conseillers généraux, des psychiatres, des responsables associatifs, des magistrats ou des travailleurs sociaux, inquiets d’une situation économique dégradée qui fait des enfants les premières victimes de la crise. Comment, dès lors, un secteur aux prises avec la « grande misère de la pédopsychiatrie » et englué dans la « gestion de la pénurie » peut-il faire face à la paupérisation croissante des familles ?
Certes, la protection de l’enfance représente pour l’instant le plus important budget des conseils généraux (6 milliards d’euros par an). Mais elle est menacée par l’augmentation des dépenses départementales sans compensations supplémentaires de l’État, et par des recettes en berne (moins 26 % de droits de mutation en un an). Résultat, les départements peinent à boucler leurs fins de mois…

À ces fortes inquiétudes financières, s’ajoute la mise en place de politiques gestionnaires et de plus en plus sécuritaires : Françoise Léglise, présidente de l’Association nationale des assistants sociaux, a ainsi déploré que les services sociaux se transforment en « instruments de contrôle et de surveillance » des populations. Pierre Suesser, médecin de PMI et ­membre du collectif Pas de bébé à la consigne, a dénoncé un « durcissement du rapport aux enfants » depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir. Les assises ont encore été marquées par l’intervention « surprise » de syndicalistes de la CGT, venus témoigner de leur colère de voir l’enfance « réduite à un sujet économique » , mais aussi de leur incompréhension devant la disparition de la défenseure des enfants et la suppression de services publics qui participent pourtant d’une réelle prévention de l’enfance en danger.
Clou du spectacle, un envoyé de Nadine Morano, secrétaire d’État à l’enfance et à la famille, a conclu les assises sous les sifflets du public, choqué devant l’indigence et le décalage des propositions gouvernementales : améliorer la prise en charge des soins bucco-dentaires et éradiquer le « jeu du foulard » ! Pendant ce temps-là, était voté à l’Assemblée nationale le texte sur la suppression des allocations aux parents d’enfants « sécheurs »…

Société
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