Du «Vocabulaire De La Seconde Guerre Mondiale», Et De L’Usage Qu’En Fit Tout Récemment Le Woerth

Sébastien Fontenelle  • 19 septembre 2010
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Juste après que son collègue Éric Besson venait de réclamer qu’on cesse un peu, s’il vous plaît, d’user du pénible «vocabulaire de la Seconde Guerre mondiale» pour appréhender le triste sort fait aux Roms par le gouvernement(eur) qui règne sur nos vies, Éric Woerth a posément traité la députée «socialiste» Catherine Coutelle de: «Collabo!»

(Naturellement, Besson ne s’en est pas (du tout) ému, et n’a, qu’on sache, pas (du tout) demandé que Woerth cesse d’user du vocabulaire de la Seconde Guerre mondiale – mais on a déjà pu vérifier qu’en de telles matières, souvent Besson varie.)

Cette grotesque saillie de Woerth n’est pas née de rien: elle arrive après que des clercs de gros niveau lui ont préparé le terrain, en s’appliquant à refaire le passé avec la même opiniâtreté, si caractéristiquement de saison , qu’ils mettent à réaménager le présent au gré de leurs obsessions.

L’un de ces raffinés penseurs est le philosophe Éric Zemmour, du Figaro de Serge Dassault[^2] (et de RTL, et de France 2, et de France Ö, liste non exhaustive), alias Éric de Nostredame.

Dans la dimension parallèle d’où prédique Éric Zemmour, on le sait: la France, d’ici quelques années, sera, comme dans un vieux discours du Pen, (très) lourdement lestée de plusieurs dizaines de millions de mahométan(e)s, et sa population de vieille souche auvergnate, réduite à quelques dizaines d’individus apeurés, devra faire ses valises et se trouver un Poitiers, ou jurer sur le Coran de ne plus manger que des hamburgers حلال (halal).

Ceci pour le présent – et pour l’avenir proche (mais sombre) où tu ne pourras tout simplement plus faire un pas dans l’avenue de Courcelles sans te cogner dans une de leurs putains de mosquées, René.

Pour ce qui serait du passé, même chose: il y a, d’une part, une réalité documentable – et, dans le cas précis de la Seconde Guerre mondiale, relativement documentée par les travaux de quelques spécialistes -, et il y a, d’autre part, les hallucinées divagations d’Éric de Nostredame (H2D’ÉDN), où Pétain, par exemple, n’était pas forcément toujours le mauvais bougre qu’on a trop dit.

Dans les H2D’ÉDN: «La collaboration fut d’abord la grande affaire de la gauche.»

De même – et logiquement: la Résistance fut d’abord celle «de la gente d’extrême droite» .

(C’est pas super-facile, mâme Dupont, l’Histoire, vec un grand «H»?)

Dans la vraie vie, naturellement, les proportions n’étaient pas (du tout) ce qu’en dit Zemmour: «Vichy, c’est en effet l’émanation de toutes les droites, y compris libérales, ralliées par quelques hommes de gauche, tous témoignant de l’imprégnation nationaliste (le nationalisme étant la matrice du fascisme) et de la fragilité de leur attachement à la République démocratique.»

(Dans la vraie vie, également: «Vichy, c’est une politique d’exclusion visant à extraire du corps social, avec des formes diverses aux conséquences plus ou moins graves, les catégories considérées comme “dangereuses”: les étrangers (sauf ressortissants des pays de l’Axe), les Juifs, les communistes ou assimilés, les résistants, les francs-maçons, les élus mal-pensants.» )

Éric Zemmour profère donc, là comme ailleurs, avec la tranquille assurance de qui sait que son «anticonformisme» ruquiérisé lui fait dans la France d’Hortefeux une facile rente médiatique, de gros et gras bobards, ancrés dans un vocabulaire où le pétainisme est refait aux normes du mensonge ambiant.

Ne pas s’étonner que Woerth, homme de vive sincérité, lui fasse du renfort dans l’affirmation que les collabos étaient de gauche: entre grands débloquants, on peut quand même s’encourager, oui, ou m_**_?

[^2]: De l’UMP.

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