Semer ses livres

Claude-Marie Vadrot  • 2 septembre 2010 abonné·es

Que faire ?

Donner aux livres que vous avez aimés, aux ouvrages possédés en double et même à ceux que vous n’avez pas appréciés une nouvelle chance de rencontrer un ou plusieurs lecteurs. Tous les bouquins, y compris les plus mauvais, toutes les revues méritent une seconde vie, parfois une vie éternelle ! Il faut leur épargner la poubelle, même celle réservée au papier, et leur offrir un recyclage qui peut durer. Il suffit donc de les abandonner sur un banc public, un rebord de fenêtre en rez-de-chaussée, un siège de métro ou de train. Cette pratique aurait été inventée et organisée sur Internet en 2001 par un certain Ron Hornbaker, informaticien américain et auteur de logiciels. Il créa un site permettant de suivre le livre « abandonné » à la trace, si les lecteurs suivants jouent le jeu. Ce système a été repris en France il y a quelques années. Mais l’idée de prolonger la vie d’un livre hors d’une bibliothèque est vraisemblablement antérieure.
Il n’est pas certain que ce geste doive être informatiquement pisté pour être intéressant ou utile. Il suffit de mettre un mot sur la page de garde expliquant que le livre, après lecture, doit « passer » à un autre lecteur qui en profitera. Le mystère planant sur le destin du livre paraît être le meilleur piment de cette pratique altruiste, et l’organiser de façon électronique lui enlève une partie de son charme.

Pourquoi ?

D’abord parce qu’il ne faut pas être égoïste, ensuite parce qu’il est utile de partager le plaisir, l’enchantement ou l’aversion, même avec des inconnus, qu’il s’agisse d’un livre, d’une revue ou d’un simple journal laissés bien en vue dans un transport en commun ; et enfin parce que l’on peut ainsi réveiller le lecteur d’imprimés qui sommeille derrière un habitué de la quête informatique ne jurant plus que par le virtuel. Le geste de recueillir un livre ou un journal qui traîne peut-être fécond puisque, arrivé par hasard dans une chambre ou un appartement, le livre « passé » peut en attirer d’autres. De plus, de toute évidence, le geste, multiplié et multipliant, est générateur d’une petite économie de papier ; et tant pis si cela prive provisoirement l’éditeur, l’auteur et le libraire de quelques euros puisque le passe-livre peut susciter de nouvelles vocations de lecteur. Ce qui peut amener chaque adepte de Politis à souhaiter partager son hebdo avec un ou une inconnue, par exemple.

Comment ?

•  Choisir toujours le même lieu d’abandon, ce qui permet parfois au lecteur qui abandonne d’y trouver un autre livre abandonné en retour. Et pour ceux que la connaissance du destin des livres remis en liberté tente, ajoutez votre courriel.
•  Faire un petit tampon « passe-livre ».
•  www.bookcrossing.com et www.bookcrossignefrance.apinc.org
•  www.passe-livre.com

Le geste utile
Temps de lecture : 3 minutes