Trafics bien corsés sur l’île de Beauté
Antoine Nivaggioni, ex-nationaliste corse reconverti dans les affaires, a été abattu le 18 octobre. Un document rédigé par un haut magistrat marseillais révèle son influence au sein des administrations républicaines.
dans l’hebdo N° 1123 Acheter ce numéro

Il est rare qu’un magistrat, s’exonérant des retenues où l’enserrent les convenances, dise tout net son avis sur un dossier judiciaire. C’est pourtant ce qu’a fait (au grand dam de sa hiérarchie, qui a peu goûté l’outrage) Marc Rivet, vice-procureur de la République à Marseille, en rédigeant, au terme d’une enquête menée par le juge Charles Duchaine, le « réquisitoire de non-lieu partiel et de renvoi devant le tribunal correctionnel » des protagonistes d’une affaire qui témoigne, d’après cet observateur privilégié, de « la fragilité du fonctionnement républicain en Corse » .
Le personnage principal de cette tragicomédie insulaire était un certain Antoine Nivaggioni, mis en examen, notamment, pour « abus de biens sociaux » , « blanchiment » , « escroqueries» , et « association de malfaiteurs » , qui avait des accointances au ministère de l’Intérieur. Il devait être jugé au mois de mars prochain, mais il a été abattu le 18 octobre au matin.
Nivaggioni était le patron « de fait » , de la Société méditerranéenne de sécurité (SMS). Une entreprise de gardiennage en charge notamment de « la sûreté » de l’aéroport d’Ajaccio, et dirigée par d’anciens nationalistes corses reconvertis en hommes d’affaires, qui « avaient pu pénétrer sans difficulté la sphère économique traditionnelle afin de capter une partie de la manne financière publique ».
Ainsi, précise, taquin, Marc Rivet, leur « transition » vers