La bataille de l’opinion se poursuit

Majoritairement favorables au recul de l’âge de la retraite, les médias n’ont pas ménagé leurs efforts pour susciter l’adhésion à la réforme du gouvernement. En vain jusqu’ici.

Michel Soudais  • 4 novembre 2010 abonné·es

Dans sa bataille de l’opinion pour imposer sa réforme des retraites, le gouvernement ne manquait pas d’alliés. Comme en 1995, les médias ont très majoritairement appuyé les choix du Président. Avec aussi peu de nuances que lors du référendum sur le traité constitutionnel européen.

Avant même qu’on connaisse le contenu de la réforme, interviewers et analystes en vue étaient acquis à l’idée qu’il faudrait travailler plus, puisque l’on vit plus longtemps. Cette idée a ainsi été présentée d’emblée comme une évidence. Non sans dramatisation excessive quand le Monde , présentant le rapport du Conseil d’orientation pour les retraites, annonça qu’il faudrait trouver 2 600 milliards d’euros d’ici à 2050. Face à un tel gouffre, la réforme ne pouvait être qu’ « urgente » et sa contestation irresponsable au regard des générations futures.

À la rentrée, avec les premières journées de mobilisation, le concert médiatique claironne une autre musique : à quoi bon manifester puisque, comme nous l’explique Jean-Pierre Pernaut (6 septembre), et avec lui des dizaines d’éditorialistes, « le gouvernement, on le sait, ne cédera pas sur le passage à 62 ans »  ? Le mouvement ne peut être qu’un baroud d’honneur, un « rituel » folklorique, dont on annonce déjà, dès la deuxième journée d’action, qu’il ne s’étend pas, voire qu’il s’essouffle.

Qu’importe que les opposants à la réforme aient le soutien de la majorité des Français, ils sont réputés divisés, menacés par la « radicalisation » , et sans projet alternatif sérieux, face à un gouvernement qui incarne l’ordre et la fermeté. Les « ultras » ne sont jamais à l’Élysée ou à Matignon, mais sont ceux qui « bloquent la France » .

Par souci d’équilibre, la parole est systématiquement donnée aux « otages » du conflit. À ce jeu, les quotidiens régionaux ne sont pas en reste. « Chaque matin ou presque, pour voler au secours de Sarkozy et de sa politique, la une affiche une ligne idéologique à sens unique » , dénonçait, le 25 octobre, la section du Syndicat national des journalistes de Ouest-France.

Tout ce zèle n’a pourtant pas suffi à convaincre les Français de la nécessité de repousser l’âge de la retraite. Après le vote de sa loi, l’UMP doit constater qu’il lui faut encore gagner l’opinion. La bataille continue…

Publié dans le dossier
Retraites : la bataille de l'info
Temps de lecture : 2 minutes