De Cancún à Cancon, l’élan des militants

Au Mexique, les mobilisations autour du sommet de l’ONU commencent à donner de la voix. À Cancon, le « Cancún du Lot-et-Garonne », on attend plusieurs milliers de militants le 4 décembre.

Patrick Piro  • 2 décembre 2010
Partager :
De Cancún à Cancon, l’élan des militants
© Photo : AFP/Schemidt

L’an dernier à Copenhague, le sommet climat de l’ONU avait suscité l’émergence, pour la première fois, d’importants mouvements de lutte contre le dérèglement climatique, mobilisant des centaines de milliers de personnes. Ils seront plus discrets cette année en Europe, leur principal bastion : le sommet se tient à Cancún (Mexique), et ses ambitions sont modestes [^2]. Pourtant, les organisations ont à cœur de démontrer que l’élan citoyen n’était pas un feu de paille. Depuis quelques jours, les militants s’agitent et Internet bat le rappel.


Lire aussi : «Quelques avancées sont possibles» et voir le blog Cancún 2010.


C’est surtout au Mexique que la pression monte. Une grande manifestation était prévue à Mexico le 30 novembre, à l’arrivée de trois caravanes de militants partis d’Acapulco, de Guadalajara et de San Luis Potosi. Le président bolivien, Evo Morales, s’était annoncé. Il entend ainsi se maintenir à la pointe du mouvement international pour la justice climatique après le sommet de Cochabamba, qu’il a organisé en avril dernier [^3].

À Cancún, près de 1 200 km à l’est de la capitale mexicaine sur la côte caraïbe, les organisateurs des divers événements parallèles au sommet redoutaient une participation tiède ; ils attendent finalement des dizaines de milliers de militants, avec la mobilisation de plus en plus active des réseaux latinos et nord-américains. Les principaux pôles de mobilisation de Copenhague seront représentés : les ONG, du Climate action network (CAN) au réseau plus social du Climate justice now (CJN), ainsi que les « autonomes » (autogérés, anarchistes, médias libres, etc.), qui confirment leur engagement au sein d’un « Espacio internacional anti-c@p » (pour « capitalista »), avec le mouvement zapatiste notamment. On attend aussi un regain de dynamisme du vaste mouvement de l’Alliance sociale continentale, qui a lutté contre la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA).

L’un des points d’orgue sera la convergence à Cancún, les 3 et 4 décembre, de toutes les caravanes, constituées principalement de militants indigènes et paysans issus du continent américain. Celles de Mexico seront rejointes par les cortèges des États d’Oaxaca et du Chiapas. D’inspiration altermondialiste, elles appellent à « transformer radicalement les négociations climatiques » , sans omettre de dénoncer les faux nez des gouvernements du Sud, comme celui du Mexique, qui tente de dissimuler une expansion économique dévastatrice pour l’environnement et les populations par une politique prétendument « verte ».
L’autre temps fort sera une manifestation le 7 décembre à Cancún, où sont attendues des dizaines de milliers de personnes, alors que les ministres de quelque 190 pays mèneront les négociations finales du sommet.

Enfin, le mouvement paysan international Via Campesina, très impliqué, a lancé un appel pour l’organisation ce jour-là de «  Mille Cancún  » à travers le monde. En France, clin d’œil médiatique, le principal rendez-vous est… à Cancon. Samedi 4 décembre, des milliers de militants sont annoncés dans la petite localité du Lot-et-Garonne. Sont prévus à ce jour, parmi les politiques, l’eurodéputé José Bové, Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts, Martine Billard, coprésidente du Parti de gauche.

[^2]: Voir Politis n° 1128. Les présidents ne se déplaceront pas, conséquence de l’échec de Copenhague.

[^3]: Voir Politis n° 1099.

Écologie
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don