À Paris aussi

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi en soutien au mouvement populaire en Tunisie. Soutenus par les syndicats et les partis de gauche français.

Olivier Doubre  • 20 janvier 2011 abonné·es

Sans doute imprimé depuis un ordinateur personnel, le slogan apparaît fréquemment tout au long du cortège. Des jeunes filles en jeans ou des retraités le brandissent fièrement, bras tendus, sur une feuille A4 pliée par le vent. « Small country, big nation » (« Petit pays, grande nation »).

L’émotion est palpable au sein du cortège fourni qui s’élance de la place de la République, à Paris, en solidarité avec ce que les manifestants appellent désormais la « révolution du jasmin » . C’est aussi un sentiment de fierté mêlé de joie, de rage aussi contre Ben Ali, que des larmes à peine séchées laissent transparaître. Fierté que des autocollants aux couleurs du drapeau tunisien viennent rappeler : « Je t’aime, mon peuple » , inscrit en français et en arabe. Après un premier cortège de manifestants tunisiens, regroupant nombre d’exilés politiques et de militants immigrés, les leaders politiques de la gauche et de l’extrême gauche française se serrent devant les caméras de télévision : bras dessus, bras dessous, Eva Joly, Cécile Duflot, Jean-Luc Mélenchon, les sénateurs socialistes Harlem Désir et David Assouline, l’avocate Dominique Noguères (Ligue des droits de l’homme), et côte à côte Olivier Besancenot (NPA), Nathalie Artaud (Lutte ouvrière), Marie-George Buffet (PCF)…

Les anonymes de la diaspora tunisienne viennent ensuite, de loin les plus nombreux, suivis parfois de drapeaux algériens et marocains rayés de l’inscription : « Algérie [ou Maroc], bientôt les suivants ? » Majoritaires, les banderoles manuscrites traduisent la volonté de démocratie : « Liberté en Tunisie » , « Vive la lutte du peuple tunisien » , « La révolution du jasmin pour l’avenir de nos gamins » … La foule reprenant en cœur le mot d’ordre hostile au RCD : « R pour répression, C pour Corruption, D pour Dictature » . D’autres jeunes défilent aussi sous l’inscription : « La révolution du jasmin ne sera pas confisquée par les islamistes. » Des islamistes pourtant présents en queue de cortège, même si peu nombreux, des hommes barbus juchés sur une camionnette scandant « Allah Akbar » au micro. Toutefois, le slogan le plus repris reste « Ben Ali assassin, Sarkozy complice ! » , traduisant le sentiment le plus diffus dans la manifestation, celui de l’attitude scandaleusement favorable à Ben Ali – et ce, jusqu’au dernier moment avant la fuite du dictateur – des autorités françaises.

Publié dans le dossier
Tunisie : la révolution de l'espoir !
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