Il est où, le rempart ?

Sébastien Fontenelle  • 20 janvier 2011 abonné·es

Comme vous savez, mâme Dupont : Zine El Abidine Ben Ali (que nous appellerons désormais Zinelab, histoire de gagner quelque temps) n’était pas tant tyran que rempart. (De l’Occident, contre l’islamisme barbu.)
Telle est du moins l’opinion que professèrent des ans durant, nonobstant que des Tunisien(ne)s étaient d’autres avis, d’éminent(e)s savant(e)s.

Le fameux « historien des idées, philosophe et politologue » Pierre-André Taguieff [^2], dont la réputation de zinelabologue n’est plus à démontrer, a posément narré, par exemple, dans l’un des forts volumes pleins de NDBDP [^3] où s’ancre sa renommée de penseur de gros niveau, qu’  « on ne saurait reprocher à un gouvernement de faire preuve de responsabilité en considérant que l’islamo-terrorisme est une menace sérieuse et en prenant des mesures efficaces pour le conjurer » . Proposition d’où ressortait, comme vous l’aurez compris, que, loin d’être des signes qu’il avait le tempérament totalitaire, les procédés par quoi Zinelab écrasait la tentation démocratique étaient plutôt, vus de chez Tag (et un peu comme dans une déclaration de Vladimir Poutine justifiant le dressage d’un jéroboam de Tchétchènes), une légitime contention de la menace verte. Et le même Tag, décidément verveux, en tirait la conclusion qu’il était bien relou que Zinelab, en dépit de sa force d’âme, fît « l’objet d’une campagne de diabolisation permanente venant des milieux de gauche et d’extrême gauche, en France tout particulièrement, où des organisations de défense des droits de l’homme se mobilisent en faveur de terroristes, en particulier djihadistes [^4] ! » .

Maintenant, question : où c’est qu’il a fui, mâme Dupont, le Zinelab, sitôt que son peuple, négligeant l’expertise de nos clercs de télévision (et de maint(e)s de nos « socialistes »), lui a mis au cul son pied ? Où c’est qu’il a couru se planquer, le rempart ? Au siège de Ni putes ni soumises ? Au Figaro, dans le coin de page dévolu aux prédications islamophobes ?
Que nenni, mâme Dupont : le gars s’est replié, lui et son pognon, en Arabie Saoudite.

Autant dire : dans ce qui se fait de plus râpeux en matière de sunnisme old school . (Vous amusez pas [du tout] à réclamer un jambon-beurre sous Médine, mâme Dupont : la muttawa – la police religieuse – n’est que peu joueuse. Les mecs n’ont que moyennement applaudi à la Journée de la jupe – et rien, de surcroît, ne dit, par les temps qui courent, que notre MAM ne leur proposera pas demain de prompts renforts technologiques.) Mais a-t-on là-dessus ouï le point de vue des ceusses qui nous vendirent le Zinelab en petit père des croisades ?
Point : quand la réalité va contre leurs divagations, leurs petites bouches restent coites – c’est même à ça qu’on les reconnaît.

[^2]: Que d’aucun(e)s soupçonnent – sans preuves – d’être aussi boulanger-pâtissier, plombier-zingueur et touilleur de ratatouille.

[^3]: Notes de bas de page.

[^4]: Dans le système taguien, la critique de Zinelab relevait donc peu ou prou, ainsi que vous l’aurez noté, de l’al-qaïdisme. (Citation extraite d’un ouvrage paru en 2007.)

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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