Police urbaine

Sébastien Fontenelle  • 6 janvier 2011 abonné·es

Jusques ici, t’avoueras : nous avons été plutôt urbain(e)s et policé(e)s avec la clique dont nous subissons depuis quatre longues années le joug.
Même : nous avons été gentil(le)s.
Ainsi, quand la clique dont nous subissons depuis quatre longues années le joug a décidé – suivant l’avis de Laurent Joffrin (et d’autres appliquéditocrates) – qu’il était plus que temps de réformer pour de bon les retraites, avons-nous pris d’assaut l’Élysée, façon let’s break da Tuileries ?

Nenni : gentiment, nous avons défilé – derrière François Thibault [^2].
Puis, quand des sondard(e)s nous ont alors demandé si nous étions pour la réforme des retraites – ou si, à l’inverse, nous étions pour la réforme des retraites –, gentiment, nous avons répondu que nous étions plutôt peu pour, et que nous étions au bas mot quarante millions, alors qu’en face, ils étaient deux
– Laurent Joffrin compris.
Moyennant quoi : les retraites furent pour de bon réformées, un peu comme si nous avions pissé dans un violon. De même : nous avons courtoisement témoigné que l’érection de la xénophobie en dogme d’État, suivant des modalités qui ne s’étaient plus guère vues par chez nous depuis trois + quatre dizaines d’ans, nous emboucanait l’air du temps.
Fûmes-nous ouï(e)s ?

Pas le moins du monde : le tour des Roms vint après celui des sans-papiers
– durant que durait, sous le couvert d’un permanent « débat » sur l’identité, la désormais coutumière lapidation lexicale des Sarrasin(e)s. Adoncques – et vu que nos continues gentillesses ont eu pour seul effet d’enhardir la Restauration –, nous devrions envisager d’autres solutions pour manifester que la clique dont nous subissons depuis quatre longues années le joug commence à nous peser lourdement sur le haricot.

D’aucun(e)s, mixant les dictons berrichons, prétendront là que patience est maman de sûretence, et nous diront tous les jours, comme tu verras bientôt, que notre salut (public) nous viendra l’an prochain des urnes – si du moins nous avons la correction de voter pour le grotesque parti d’où ces heures-ci Manuel V. « brise le tabou des 35 heures [^3] » . Mais rien ne s’oppose à ce que nous envisagions désormais de moins graduées ripostes – dont le détail peut éventuellement faire l’objet d’un bref débat (de vingt à vingt-huit secondes), mais dont l’orientation générale serait du genre : on attend un peu, comme la dernière fois (histoire de vérifier si Versailles aurait pas des fois de tardifs mais sains remords), ou si on commence tout de suite à refaire la déco ? (On déclame qu’il faut qu’ils s’en vayan todos, et on attend de voir s’ils sont du même avis – ou on les aide un peu ?)
Bon nivôse, bonne année.

[^2]: Et Bernard Chérèque.

[^3]: France Soir, 3 janvier 2011.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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