Problèmes et solutions

Nombre d’organismes ont planché sur les écueils auxquels se heurte aujourd’hui l’école. Socle commun, lutte contre l’échec, rythmes scolaires… Voici leurs propositions.

Ingrid Merckx  • 27 janvier 2011 abonné·es

« Dix transformations possibles »  : c’est ce qu’avance le collectif « École changer de cap » dans une lettre ouverte. Et on trouve près de vingt propositions dans le rapport le Point sur le collège, réalisé par le Snes. « Imaginons le collège de demain », suggérait quant à lui le syndicat SE-Unsa lors d’un colloque organisé le 13 janvier. Les Cahiers pédagogiques ont développé un argumentaire sur dix propositions. L’OCDE a même édicté « 10 commandements », en tête desquels elle rappelle qu’il faut « croire dans l’éducabilité de tous les élèves » et qu’elle est « pour l’école unique et le collège unique » . On le voit, les propositions ne manquent pas, et bon ­nombre d’idées se rejoignent.

– Quels programmes scolaires ? Le débat se cristallise sur le « socle commun de connaissances et de compétences » , qui présente « ce que tout élève doit savoir et maîtriser à la fin de la scolarité obligatoire » , d’après le ministère. Ses détracteurs redoutent qu’il ne serve à distinguer ceux qui feront partie des 50 % de diplômés du supérieur et ceux qui devront se contenter du minimum et arrêter l’école au collège. L’intégration de la culture (cinéma, littérature…) dans le socle commun divise ses défenseurs, relève Jean-Michel Zakhartchouk, rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques. « L’actuel socle commun est un fourre-tout très idéologique. Il faut avoir le courage de définir des priorités : a-t-on plus besoin de maîtriser le vocabulaire du Moyen Âge ou de savoir s’exprimer devant un groupe ? » L’allégement des programmes figure également parmi les propositions, avec des contenus spécifiques pour les enfants du voyage, les primo-arrivants ou les décrocheurs.

– Quelles aides aux élèves ? Soutenir les élèves en difficulté ; renforcer les dispositifs d’aide intégrés dans le temps scolaire et les partenariats avec le secteur associatif ; développer des alternatives aux redoublements, qui sont à proscrire selon l’OCDE. Bref, tout le contraire de ce que fait le gouvernement actuel en étouffant les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased). Il s’agit également de revaloriser les bourses sur critères sociaux et d’élargir leur nombre.

– Repenser la formation des enseignants : Le manque de formation – initiale ou continue – des enseignants stagiaires, conséquence de la réforme de la mastérisation, est le point noir de l’année. Le Snuipp, syndicat du premier degré, a lancé une enquête auprès de ses jeunes collègues sur leurs conditions de travail, et propose des formations pour compenser. Une urgence : les enseignants stagiaires sont de plus en plus nombreux à démissionner. Favoriser le travail en équipe et sortir certains enseignants de leur solitude fait partie des chantiers à mener.

– Repenser l’évaluation : Certains profs refusent de renseigner l’attestation de maîtrise du socle commun et certaines évaluations. Ce qui pose le débat : comment conférer un statut positif à l’erreur, favoriser l’autojugement, libérer de la hantise des notes et du classement ?

– Préserver la maternelle : Remise en cause par les réformes de Xavier Darcos, la scolarisation des tout-petits fait l’objet d’un combat. « L’enseignement pré-élémentaire a un impact positif sur le niveau des élèves » , rappelle l’OCDE.

– Supprimer la semaine de quatre jours : La mission d’information parlementaire qui planchait sur les rythmes scolaires préconise d’ « alléger la journée de l’enfant » , et de respecter l’alternance 7 semaines d’école-2 semaines de vacances en réduisant les congés d’été.

– Renforcer la mixité : Relancer l’éducation prioritaire, stabiliser les équipes en ZEP, maintenir la carte scolaire. « Un des points intéressants de la réussite de Shanghai, selon Marc Charbonnier, de l’OCDE, est que les meilleurs chefs d’établissement et enseignants sont souvent affectés dans les écoles les plus difficiles. »

– Améliorer les statuts : Enseignants, surveillants, Rased… Pour l’OCDE, « il vaut mieux mettre l’argent dans une aug­mentation de salaire des enseignants que dans la diminution du nombre d’élèves par classe » .

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Une école pour l'élite ?
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